(Toronto et New York) Indices boursiers en berne, chute du pétrole, valeurs refuges en forte hausse : les marchés financiers étaient fortement perturbés jeudi par l’exacerbation de la guerre commerciale entre Chine et États-Unis et ses potentielles conséquences sur l’économie mondiale.

La Bourse de Toronto a connu sa pire séance de l’année. L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a plongé de 162,74 points pour terminer la journée à 16 164,61 points.

À New York, la moyenne Dow Jones des valeurs industrielles a cédé 286,14 points à 25 490,47 points, tandis que l’indice élargi S&P 500 a perdu 34,03 points à 2822,24 points. L’indice composé du NASDAQ a retraité de 122,56 ponts à 7628,28 points. À Paris, l’indice CAC 40 a cédé 1,81 % et qu’à Hong Kong, l’indice Hang Seng a lâché 1,58 %.

Le pétrole a plongé de 5,7 % à 57,91 dollars aux États-Unis, tandis que le Brent, coté à Londres, a lâché 4,55 % à 67,76 dollars.

Signe de l’appétence des investisseurs pour les actifs jugés moins risqués, le taux à 10 ans de la dette des États-Unis est descendu à son plus bas niveau depuis octobre 2017. L’once d’or montait de 0,8 % à 1283,93 dollars, tandis que le franc suisse et le yen s’appréciaient aussi nettement.

Les investisseurs s’inquiètent de plus en plus de la montée des tensions sino-américaines, qui se cristallisent actuellement autour du géant chinois des télécoms Huawei placé la semaine dernière par Washington sur une liste de sociétés suspectes.

Aucune détente ne semblait se dessiner jeudi : le chef de la diplomatie américaine a accusé Huawei de mentir sur ses véritables liens avec les autorités chinoises qui, elles, dénoncent le « harcèlement » des États-Unis à l’encontre du numéro deux mondial des smartphones.

« Le risque est que les deux parties restent campées dans leur entêtement et que les tensions commerciales se prolongent au-delà de 2019 », a commenté Art Hogan, de la société d’investissement National.

« Pékin a confirmé ses lignes rouges aujourd’hui […] le chemin vers une trêve commerciale se rallonge. Pour les marchés boursiers, cela implique une phase de complications », a décrypté Jochen Stanzl, analyste chez CMC Markets.

Le Fonds monétaire international a d’ailleurs lancé jeudi un sérieux avertissement aux États-Unis et à la Chine en affirmant que leur bras de fer risquait d’altérer le rebond économique attendu pour le second semestre 2019.

« Bien que l’impact sur la croissance mondiale soit pour le moment relativement modeste, la nouvelle escalade pourrait sérieusement détériorer le climat des affaires et la confiance des marchés financiers, perturber les chaînes de production et compromettre la reprise de la croissance mondiale prévue en 2019 », a estimé jeudi Gita Gopinath, la cheffe économiste du FMI.

Des statistiques américaines ont conforté jeudi cette hypothèse : selon la première estimation de l’indice PMI composite du cabinet Markit publiée jeudi, la croissance de l’activité privée a fortement ralenti en mai en s’affichant à 50,9 points, son plus bas niveau en trois ans.

L’indice mesurant la production manufacturière, à 50,6 points, est même descendu à son plus bas niveau depuis 2009.

« Pour une fois, les investisseurs ne réagissent pas seulement à des tweets et au bruit ambiant sur les négociations commerciales », a commenté Gregori Volokhine, gestionnaire de portefeuille pour Meeschaert Financial Services. « Ces indices tout frais sont le premier signe qu’on s’approche peut-être d’un point d’inflexion sur la croissance américaine. »