(New York) Wall Street reculait nettement à l’ouverture lundi, affectée par la crainte d’un regain de tensions entre la Chine et les États-Unis qui met en doute la possibilité d’un accord commercial imminent entre les deux pays après des tweets de Donald Trump menaçant de nouveaux tarifs douaniers.  

Vers 10 h 15, l’indice vedette de la Bourse de New York, le Dow Jones Industrial Average, perdait 1,01 % à 26 236,66 points.  

L’indice NASDAQ, à forte coloration technologique, lâchait 1,20 %, à 8066,32 points, et l’indice élargi S&P 500 cédait 1,01 %, à 2915,98 points.

En pleines négociations entre la Chine et les États-Unis, le président américain a remis la pression sur Pékin dimanche en affirmant vouloir imposer une nouvelle hausse de droits de douane sur 200 milliards de dollars de produits chinois.

Contrairement à des informations de presse toutefois, Pékin a fait savoir que son équipe de négociateurs se préparait toujours à se rendre à Washington – sans confirmer spécifiquement la date, ni si le vice-premier ministre Liu He dirigerait bien la délégation chinoise.

« Le succès (de Wall Street) cette année repose sur trois éléments : le virage de la Banque centrale américaine vers une position plus accommodante, des résultats d’entreprises meilleurs que prévu et l’anticipation d’un accord commercial avec la Chine au premier semestre », rappelle Art Hogan de la société d’investissement National.

« Le marché est en train d’intégrer le fait que l’un de ces trois éléments vient d’être sérieusement remis en cause », ajoute-t-il.

« Ce dernier rebondissement dans le feuilleton des négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine est peut-être un vrai revers, ou juste une tactique de la part du président, similaire à ce qu’il a pu faire à la fin des négociations » sur le traité de libre-échange entre les États-Unis, le Canada et le Mexique, relève toutefois le spécialiste.

Ainsi pour les analystes de Goldman Sachs, même si les commentaires de Trump « éloignent la possibilité d’un accord » et « augmentent les chances d’une escalade des tarifs douaniers », la probabilité de la mise en œuvre des menaces de Donald Trump vendredi n’est que de 40 %.  

Propriété intellectuelle

Tant que cette menace continue à planer, elle constitue malgré tout un risque pour les marchés, affirment les analystes des Morgan Stanley.  

« Même si nous estimons que toute escalade devrait être temporaire, dans la mesure où le coup de mou des marchés devrait inciter les deux parties à un compromis, toute recrudescence des tensions augmente mécaniquement l’incertitude et remet en avant les autres risques qui pèsent actuellement sur le marché », avancent-ils.

Les investisseurs sont d’autant plus enclins à retirer leur argent de la table lundi que les principaux indices de Wall Street évoluent près de leur record.  

Entraînée par des chiffres meilleurs que prévu sur l’emploi aux États-Unis en avril et l’élan d’Amazon, la Bourse de New York avait ainsi terminé la semaine sur une note positive vendredi, faisant grimper le Dow Jones de 0,75 % et emmenant le NASDAQ (+1,58 %) à un niveau inédit.  

Sur le marché obligataire, le taux sur la dette à 10 ans des États-Unis reculait nettement et évoluait à 2,492 % contre 2,525 % vendredi soir.

Les actions des grandes multinationales Apple (-1,66 %) ou Caterpillar (-2,11 %), qui auraient potentiellement beaucoup à perdre en cas de retour à une guerre commerciale frontale, étaient particulièrement touchées. Tout comme le secteur des semi-conducteurs, fortement dépendant des relations avec la Chine : Advanced Micro Devices perdait 3,40 % et Nvidia 2,74 %.

Donald Trump exige notamment de la Chine des changements structurels pour mettre fin aux transferts forcés de technologie américaine, ou au « vol » de la propriété intellectuelle.

Or « résoudre les problèmes de propriété intellectuelle en Chine est l’un des principaux enjeux actuellement pour les vendeurs de logiciels et de puces », rappellent les analystes de Wedbush. Ces problèmes « minent leur croissance en Chine depuis plusieurs décennies et affectent les groupes vendant des technologies comme Microsoft », observent-ils.  

Boeing lâchait pour sa part 1,98 % après avoir révélé dimanche que des ingénieurs du groupe avaient identifié, dès 2017, des dysfonctionnements dans les systèmes d’alerte des pilotes du 737 MAX en raison d’une erreur de logiciel, soit un an avant l’accident de Lion Air.