Wall Street a terminé en forte baisse mercredi, les investisseurs estimant que le ton employé par la banque centrale américaine (Fed) après une hausse de ses taux et un abaissement de ses perspectives pour l'an prochain n'était pas assez conciliant.

À New York, le Dow Jones a perdu 1,5 % pour terminer à 23 323 points.

L'indice NASDAQ a lâché 2,2 %, à 6636 points. L'indice S&P 500, quant à lui, a cédé 1,5 % à 2506 points. Ces trois indices ont tous terminé à leur plus bas niveau de l'année.

L'indice composé S&P/TSX du parquet torontois a cédé 152 points (-1,1 %) à 14 264 points, ce qui représentait un nouveau creux pour 2018. Les reculs ont touché la plupart des secteurs, surtout ceux de la santé, des matériaux et de la finance. Le groupe de l'énergie a réalisé la meilleure performance du jour, ne retraitant que légèrement.

À l'issue d'une réunion particulièrement scrutée par les investisseurs, le Fed a décidé d'augmenter ses taux directeurs d'un quart de point, les fixant désormais dans une fourchette entre 2,25 % et 2,50 %, et ce, malgré l'opposition virulente du président Donald Trump.

« Les considérations politiques ne jouent absolument aucun rôle » dans les décisions de le Fed, a martelé Jerome Powell, président de la Fed depuis moins d'un an et qui a essuyé de violentes critiques de l'hôte de la Maison-Blanche.

L'institution a en revanche revu à la baisse ses perspectives de hausses de taux pour l'an prochain, de trois à deux, en raison notamment d'une décélération de la croissance économique à l'étranger et de récents troubles sur le marché boursier.

Dans ce contexte délicat, le Fed a en outre abaissé ses prévisions de croissance et d'inflation aux États-Unis pour 2018 et 2019. Elle table désormais sur une croissance de 3 % cette année et de 2,3 % l'an prochain, contre respectivement 3,1 % et 2,5 % lors de ses projections de septembre.

Malgré cette prudence, « les investisseurs ne sont pas satisfaits de voir que le Fed compte augmenter ses taux deux fois l'an prochain », et donc poursuivre son resserrement monétaire, compte tenu des risques actuels qui pèsent sur l'économie, a indiqué Sam Stovall, de CFRA.  

Les investisseurs surveillent la perspective de ralentissement américain comme le lait sur le feu depuis plusieurs semaines. Cette crainte a été à l'origine de lourdes pertes à Wall Street ces derniers jours.

Perdant-perdant

En tout état de cause, M. Powell « était dans une situation "perdant-perdant" », a estimé Jack Ablin, de Cresset Wealth Advisors.

« Ou bien il revoyait à la baisse ses prévisions de croissance, et les marchés se seraient inquiétés, ou bien il ne changeait rien et, là, les investisseurs y auraient vu le signe d'un resserrement monétaire trop brutal », a analysé le spécialiste.

Sur le marché obligataire, le taux sur la dette à 10 ans des États-Unis se repliait nettement, à 2 779 % vers 21 h 25 GMT, contre 2 818 % mardi à la clôture, et celui à 30 ans à 2 990 %, contre 3 068 % la veille.

Ces taux sont particulièrement sensibles aux perspectives de croissance et d'inflation aux États-Unis.

Parmi les valeurs du jour, Pfizer a perdu 1,0 %. Le laboratoire pharmaceutique britannique GSK intégrera les activités de médicaments sans ordonnance et de parapharmacie de l'américain au sein d'une coentreprise dont il aura le contrôle et qu'il envisage de placer en Bourse à moyen terme.

General Electric a nettement avancé (+5,4 %) après la publication d'informations de presse affirmant que le conglomérat américain avait lancé un processus de mise en Bourse de sa filiale consacrée à la santé.

Facebook, de son côté, a plongé de 7,3 %.  D'après une enquête du New York Times, le réseau social aurait fourni, notamment aux géants technologiques Microsoft, Amazon, et Spotify, un accès aux données d'utilisateurs plus intrusif qu'il ne l'a admis précédemment.

Le procureur général de Washington a par ailleurs annoncé avoir lancé des poursuites contre le groupe pour avoir mal protégé les données de ses utilisateurs, les rendant vulnérables à des « manipulations politiques » pendant la campagne présidentielle américaine de 2016.

En pleine tourmente liée à des révélations de presse l'accusant d'avoir délibérément caché plusieurs décennies que son talc contenait parfois de l'amiante, Johnson & Johnson a encore perdu 2,2 %.  

Le groupe de produits pharmaceutiques et d'hygiène a échoué mercredi à faire annuler un verdict le condamnant à verser 4,69 milliards US à 22 femmes qui accusent des produits à base de talc de l'entreprise d'être à l'origine de leur cancer des ovaires.

- Avec La Presse canadienne