Le titre du géant chinois des télécoms ZTE chutait de 40% mercredi dans les premiers échanges à la Bourse de Hong Kong, où il reprenait sa cotation après l'accord passé entre Pékin et Washington pour lever les sanctions américaines qui menaçaient sa survie.

L'action ZTE s'effondrait de 39,22% à 15,56 dollars de Hong Kong peu après l'ouverture. À Shenzhen, deuxième place boursière de Chine continentale où il est également coté, le titre plongeait de 10%, soit la baisse maximale autorisée en séance par l'opérateur.

Les échanges sur les titres ZTE étaient suspendus depuis avril à Hong Kong comme à Shenzhen, après la décision de Washington d'interdire toutes les ventes de composants électroniques américains au groupe chinois, accusé d'avoir violé des embargos vers l'Iran et la Corée du Nord.

Or, ZTE, fer de lance du développement des infrastructures 5G en Chine, est très dépendant pour sa téléphonie mobile des logiciels américains et puces produites aux États-Unis: contraint de cesser ses principales activités, le groupe voyait sa survie menacée par la sanction de l'administration Trump.

Pékin a fait de cet épineux dossier une pomme de discorde diplomatique, et le cas ZTE s'était invité au menu des âpres pourparlers que mènent les deux puissances pour tenter d'éviter une guerre commerciale.

Les États-Unis ont finalement indiqué jeudi avoir trouvé avec la Chine un accord selon lequel ZTE, en contrepartie d'une levée des sanctions, devra «s'acquitter d'une amende d'un milliard de dollars» et mettre sous séquestre 400 millions de dollars en cas de nouvelle violation.

Il devra également entièrement remanier son conseil d'administration sous 30 jours. L'accord fait cependant grincer des dents le Congrès américain, où de nombreux parlementaires jugent que ZTE représente un danger pour la sécurité nationale aux États-Unis.

«Même si le cauchemar est désormais terminé, ZTE va devoir s'attaquer à de multiples changements. On peut s'attendre à des pressions à la vente sur le titre à court terme, et à une volatilité du cours», commentaient mercredi dans une note les experts du courtier Jefferies.

ZTE, dont le siège est à Shenzhen (sud de la Chine), a reconnu dans un mémo interne les «négligences de quelques cadres», reflétant «une culture d'entreprise fautive».

Après avoir plaidé coupable en 2016 d'avoir réexporté vers l'Iran et la Corée du Nord des équipements achetés aux États-Unis en dépit d'un embargo américain, ZTE avait déjà payé l'an dernier une amende de 1,2 milliard de dollars et promis à Washington de sanctionner les responsables impliqués.

Mais l'administration Trump accusait le groupe de n'avoir pas tenu tous ses engagements, et, en réponse, avait décidé mi-avril d'interdire toutes les exportations, pendant sept ans, de composants américains destinés au groupe.