Un accident, une chute ou un effondrement?

Les investisseurs se demandent probablement comment interpréter la dégringolade spectaculaire de lundi, après des mois de calme plat. La glissade entamée en début de semaine s'est transformée en plongeon vendredi et lundi. L'indice S&P 500 a perdu 6,3% de sa valeur en deux jours, anéantissant tous les gains engrangés depuis le début de l'année.

Les professionnels estiment que les actions demeurent malgré tout un investissement intéressant, sans pour autant pouvoir garantir que le pire est passé.

Quoi faire? Voici des réponses à quelques questions courantes.

QU'EST-CE QUI S'EST PASSÉ AU JUSTE?

Un seul facteur n'est pas responsable de la situation.

Les marchés ont commencé à fléchir vendredi, quand des données ont témoigné d'une flambée des salaires en janvier. Cela a engendré des craintes inflationnistes, puisqu'une hausse des salaires entraîne souvent aussi une hausse des prix.

On s'attend déjà à ce que la Réserve fédérale des États-Unis rehausse ses taux d'intérêt à court terme cette année, en raison de la vigueur de l'économie. Mais ces préoccupations inflationnistes font craindre une intervention plus rapide de la Fed. Des coûts d'emprunt plus élevés peuvent finir par être problématiques pour les entreprises qui ont besoin d'argent pour grossir, chassant les investisseurs vers les obligations au détriment des actions.

La panique s'est poursuivie lundi, et plusieurs experts décrivent une correction due de longue date. Certains pointent aussi du doigt les algorithmes qui achètent et vendent des actions.

C'ÉTAIT SI GRAVE QUE ÇA?

Non, pas vraiment.

L'effondrement n'efface que quelques mois de gains. De plus, des experts ont noté que des reculs de 10% et plus sont plus fréquents quand les marchés se portent bien. C'est la première fois que ça se produit en deux ans et plusieurs estiment que le cours des actions est trop élevé. Le S&P500 est en déclin de 7,8% depuis son record du 26 janvier.

«La chute des marchés (lundi), même si elle peut être inquiétante pour les investisseurs, ne nous fait reculer que de deux mois, a dit l'analyste Greg McBride. Les corrections de marchés sont normales, peu importe qu'elles soient stressantes quand elles surviennent.»

ON FAIT QUOI MAINTENANT?

La réponse est la partie la plus difficile de toute stratégie d'investissement: on reste calme.

«Accrochez-vous, gardez une perspective à long terme et résistez à toute réaction impulsive», conseille M. McBride.

Les investissements doivent s'inscrire dans le cadre d'une stratégie à long terme qui ne sera pas sabordée par quelques jours de pertes. On ne sait pas non plus ce que l'avenir nous réserve.

En cas de malaise, consultez votre conseiller financier. Le moment est peut-être bien choisi de réévaluer votre portefeuille et de vous assurer que sa composition vous convient. Votre portefeuille est peut-être plus riche en action que vous le réalisez, après la poussée de la dernière année.

Des experts y apportent toutefois un bémol: un portefeuille devrait être modifié pour s'adapter aux nouvelles conditions de vie du client, et non en réaction à des titres alarmistes.

Certains investisseurs pourront vouloir profiter de cette chute pour acheter. D'autres pourront vouloir réévaluer leur stratégie. Mais ceux qui décideraient de renoncer entièrement aux actions devraient y réfléchir à deux fois, selon Ken Hevert, le vice-président principal des retraites pour Fidelity Investment.

Les déclins de 5 ou 10% sont habituellement suivis par des relances plutôt rapides, a-t-il dit, avant d'ajouter que les conditions actuelles favorisent la croissance.