Il n'y a pas que l'épicier Metro qui a effectué des transactions avec les actions d'Alimentation Couche-Tard cette semaine, alors que s'intensifiaient les rumeurs entourant une augmentation possible du taux d'imposition sur le gain en capital dans le budget fédéral présenté hier.

À l'instar de Metro, qui a annoncé mardi avoir réalisé la veille une transaction évaluée à 2 milliards qualifiée de « restructuration interne », deux des quatre fondateurs de Couche-Tard ont aussi procédé à d'importantes transactions le même jour.

Alain Bouchard et Réal Plourde ont réalisé, lundi, des opérations sur un bloc d'actions de Couche-Tard d'une valeur globale de près de 30 millions de dollars, selon des documents déposés mardi auprès des autorités réglementaires et consultés par La Presse.

Les deux entrepreneurs ont exercé, lundi, des options sur 450 000 actions (300 000 pour Alain Bouchard et 150 000 pour Réal Plourde) pour acheter des actions au prix de 8,56 $ avant de les inscrire pour revente le jour même au prix unitaire de 59,43 $. Les opérations ont été enregistrées sous l'appellation d'un changement relatif à la propriété.

Autrement dit, Alain Bouchard et Réal Plourde ont pris des titres qu'ils détenaient en propriété directe et les ont transférés chacun de leur côté dans des entreprises à numéro enregistrées comme des holdings privés.

AUCUN LIEN AVEC LE GESTE DE METRO

Appelée à préciser si les transactions étaient liées à une planification fiscale, qui serait par ailleurs légitime, la directrice principale des communications globales de Couche-Tard a d'abord indiqué qu'il n'y avait aucun lien entre le geste de Metro et le roulement des actions d'Alain Bouchard et de Réal Plourde. « La décision [de Bouchard et Plourde] a été prise avant l'annonce de Metro et les options étaient simplement arrivées à maturité », a dit Marie-Noëlle Cano.

Les options en question venaient à expiration le 7 février. Marie-Noëlle Cano explique que les dirigeants étaient sous l'emprise d'un blackout, c'est-à-dire qu'ils ne pouvaient négocier le titre pendant une certaine période de temps précédant la parution des résultats trimestriels publiés par Couche-Tard la semaine passée. « Le régime permet de suspendre l'expiration et de reporter 10 jours suivant la fin dudit blackout », précise-t-elle.

La direction de Metro avait de son côté indiqué à La Presse mardi qu'elle ne ferait aucun autre commentaire que ce qui était indiqué dans son communiqué annonçant la vente à une filiale en propriété exclusive de Metro des 32,2 millions d'actions de Couche-Tard détenues depuis une trentaine d'années par l'épicier.

Dans une chronique publiée hier, notre collègue Francis Vailles calculait que l'opération de Metro pourrait permettre à l'épicier montréalais d'économiser 135 millions de dollars d'impôt en supposant qu'Ottawa décide d'augmenter de 50 % l'impôt à payer sur le gain en capital (NDLR : Ottawa a annoncé hier que la portion imposable du gain en capital demeure à 50 %).

Si la manoeuvre de Metro a été exécutée sur des actions à vote multiple de catégorie A (10 droits de vote par action), Alain Bouchard et Réal Plourde ont réalisé leurs opérations sur des actions à droit de vote subalterne de catégorie B (un seul vote par action).

Alain Bouchard occupe aujourd'hui le poste de président exécutif du conseil d'administration de Couche-Tard. Réal Plourde est membre du conseil d'administration.