L'action du conglomérat industriel japonais Toshiba baissait de 13% mercredi à la Bourse de Tokyo, après la publication de données financières alarmantes qui forcent le groupe à prendre des mesures drastiques, dont la possible vente de la moitié de son activité de puces-mémoires.

Une heure après le début des échanges, le titre est tombé à 199,2 yens, soit un recul de 13,32%.

Le groupe a annoncé mardi qu'il redoutait pour l'exercice 2016/17 une perte nette de 390 milliards de yens (4,5 milliards de dollars canadiens). Il est en effet contraint d'enregistrer une dépréciation de 712,5 milliards de yens (8,1 milliards canadiens) sur ses activités nucléaires aux États-Unis en raison des mauvais calculs de sa filiale Westinghouse.

Dans ce contexte financier extrêmement difficile, Toshiba, qui fabrique aussi bien des semi-conducteurs que des ordinateurs, ascenseurs, robots ou réacteurs, va réduire la voilure dans le nucléaire à l'étranger.

Surtout, il est forcé de céder des bijoux de famille, à savoir une partie de son activité vedette des puces-mémoires. Jusqu'alors il n'envisageait de n'en vendre que 20%, mais il a fait savoir mardi qu'il pourrait se séparer d'une majorité du capital, une surprise très mal accueillie par les investisseurs.

Cette opération «pourrait anéantir toute perspective de croissance au cours du prochain exercice», a relevé Hideyuki Maekawa, analyste de Credit Suisse, dans une note citée par l'agence Bloomberg News.

«Toshiba cède les activités bien portantes pour renflouer celles qui vont mal, le contraire d'une stratégie de bon sens», avait également souligné mardi dans une émission de radio l'essayiste spécialisé, Tetsu Machida.

Le conglomérat a en outre prévenu qu'il s'agissait d'estimations provisoires, non validées par les commissaires aux comptes et susceptibles d'être nettement révisées. Il soupçonne des irrégularités chez Westinghouse, qui pourraient avoir une incidence sur les comptes.

Ce cafouillage a entraîné la démission de ses fonctions, au demeurant non exécutives, du président du conseil d'administration, Shigenori Shiga, et a réactivé les craintes d'une radiation de l'action à Tokyo.

«Les questions entourant Toshiba sont tellement nombreuses, par où commencer?», lance Masahiko Ishino, analyste de Tokai Tokyo Securities, interrogé par Bloomberg. «Que va-t-il arriver aux mémoires et à l'activité nucléaire, les ascenseurs et certaines des filiales cotées du groupe vont-ils être liquidés? Il faut aussi s'interroger sur la raison derrière les dépréciations d'actifs».

Toshiba a déjà été condamné à maints sacrifices pour tenter de se remettre d'un retentissant scandale de manipulations comptables révélées en avril 2015.

Depuis ces mésaventures, l'action a perdu plus de 60% de sa valeur. Elle était tombée aussi bas que 158 yens (1,81$) en février 2016, puis s'était redressée avant de brutalement replonger fin décembre après l'annonce des déboires nucléaires du groupe.