La nouvelle plateforme de connexion boursière entre Hong Kong et Shenzhen, qui offre aux étrangers un accès inédit aux actions de fleurons chinois, a connu lundi des débuts décevants, les deux places terminant la journée en baisse.

Vanté par Pékin comme une étape cruciale dans l'ouverture des marchés chinois, le «Hong Kong-Shenzhen Connect» permet aux investisseurs de chacune des deux Bourses d'acheter des actions sur l'autre place.

Le chef de l'exécutif hongkongais Leung Chun-ying a évoqué un «nouveau jalon» dans le renforcement des relations boursières entre la Chine et l'ex-colonie britannique revenue dans son giron en 1997.

«Nous sommes en effet un supraconducteur entre le reste de la Chine et le reste du monde», s'est-il félicité.

Les deux places ont cependant terminé la journée dans le rouge, dans un contexte régional baissier lié aux inquiétudes, après la victoire massive du non au référendum italien et la démission de Matteo Renzi, pour la troisième économie de la zone euro.

À Hong Kong, l'indice composite Hang Seng a perdu 0,26 %. La Bourse de Shenzhen a reculé de 0,78 %. Et le quota des opérations autorisées dans les deux sens est loin d'avoir été rempli.

Francis Lun, analyste chez GEO Securities, a estimé que le lancement de la plateforme risquait dans un premier temps d'accoucher d'une souris, les effets de la crise boursière chinoise de l'an dernier se faisant toujours sentir.

Copié sur Shanghai

L'effondrement spectaculaire des Bourses chinoises durant l'été 2015 avait notamment eu pour conséquence de retarder le lancement de cette plateforme Hong Kong-Shenzhen.

Les inquiétudes ont été renforcées ces derniers temps par la fuite des capitaux liée à la baisse du yuan.

«Le problème auquel la Chine est confrontée est une crise de liquidités dans le système bancaire», a déclaré M. Lun à l'AFP. «Difficile de trouver de l'argent pour acheter des actions quand vous manquez de liquidités.»

Pour les étrangers, la plateforme permet un accès à 863 entreprises chinoises cotées à Shenzhen, huitième place mondiale, et notamment à certains fleurons chinois.

Parmi eux, le fabricant de téléphones intelligents ZTE, le colosse de l'immobilier Vanke, l'assureur Ping An, ou encore le producteur d'électroménager Midea (qui a racheté le fabricant allemand de robots Kuka).

Ce nouveau mécanisme copie très exactement le fonctionnement de la plateforme d'échanges boursiers existant déjà depuis deux ans entre Shanghai et Hong Kong.

Le «Hong Kong-Shanghai Connect» permettait pour la première fois à des investisseurs étrangers d'acheter, en passant par l'ex-colonie britannique, des actions en yuans de sociétés cotées en Chine continentale.

La porte n'est cependant qu'entrouverte: les Bourses de Shanghai et Shenzhen, du fait des sévères restrictions imposées par Pékin sur les mouvements de capitaux, demeurent quasi-isolées du reste du monde.

À l'inverse de Hong Kong, un territoire chinois largement autonome, dont la place financière est étroitement connectée aux marchés internationaux.

Presque 60 % (en capitalisation) des sociétés à la Bourse de Shenzhen relèvent de «secteurs émergents» selon son opérateur. C'est «le marché le plus dynamique» du pays, estime même le courtier Macquarie, avec un volume d'échanges quotidiens dépassant désormais celui de Shanghai.

Les investisseurs étrangers n'accéderont toutefois qu'aux entreprises possédant une capitalisation d'au moins 6 milliards de yuans (822 millions d'euros), seuil censé les protéger des folles fluctuations des Bourses chinoises.

De fait, l'essentiel des 116 millions d'investisseurs boursiers en Chine continentale sont des particuliers, dont les impulsions -- souvent détachées de l'activité réelle des entreprises -- valent aux marchés locaux une réputation de casino.

Dans l'autre sens, la nouvelle plateforme élargit à 101 petites entreprises l'éventail des titres hongkongais que peuvent acquérir des résidents de Chine populaire.

Mais la nécessité de détenir au préalable un portefeuille valant 500 000 yuans devrait, en pratique, continuer d'exclure la grande majorité des boursicoteurs chinois.

«Le véritable sens de cette plateforme, c'est à un horizon de dix ans la capacité de la Chine à se projeter dans le reste du monde», estime le courtier Neil McLean, d'Instinet.

«La Chine n'ouvre pas sa porte pour le plaisir.»