L'Autorité des marchés financiers (AMF) de France a requis vendredi une amende de 1,5 million d'euros (plus de 2,1 millions de dollars canadiens) au total contre sept personnes, dont le PDG d'Ubisoft Montréal, pour « manquement d'initié », sur des titres de l'éditeur de jeux vidéo remontant à 2013.

Le gendarme boursier a également demandé une amende de 60 000 euros contre la Banque Transatlantique pour ne pas avoir informé l'AMF sur les opérations considérées comme suspectes des personnes mises en cause.

Ces amendes, s'échelonnant de 30 000 à 700 000 euros (entre 43 000 et 1 million de dollars canadiens), ont été demandées par le Collège de l'AMF, son instance responsable des poursuites, lors d'une séance publique devant la Commission des sanctions, seule habilitée à sévir au sein du gendarme boursier français.

L'affaire porte sur des opérations de ventes d'actions d'Ubisoft, effectuées par les personnes incriminées, en septembre et en octobre 2013.

L'éditeur de jeux vidéos avait prévu la sortie d'un nouveau jeu pour décembre 2013. Celui-ci devait avoir un impact positif sur l'exercice 2013-2014.

Mais en septembre 2013, à la suite d'une phase d'évaluation révélant de nombreux développements restant à faire, la société s'était rendue compte qu'elle ne parviendrait pas à le lancer à la date prévue.

Le 15 octobre 2013, Ubisoft avait annoncé officiellement le report de la sortie de Watch Dogs, ainsi qu'une revue à la baisse de ses objectifs sur l'exercice 2013-2014.

Au lendemain de cette annonce, le titre s'était effondré en Bourse, perdant 26 % de sa valeur.

L'AMF reproche à six des mis en cause - dont le PDG des studios Ubisoft de Montréal, Yannis Mallat - d'avoir effectué des opérations boursières avant l'annonce du report du lancement de Watch Dogs, alors qu'ils connaissaient cette information confidentielle, pour un avantage économique total d'environ 420 000 euros, a précisé le représentant du Collège.

Les avocats assurant la défense de trois cadres d'Ubisoft Montréal ont demandé l'annulation de la procédure, au cours de laquelle les autorités financières auraient bafoué des droits fondamentaux canadiens. Ils ont également argumenté que l'effet « sensible » sur le cours de Bourse de la date de sortie d'un jeu n'était pas démontré.

L'avocate de la Banque Transatlantique a pour sa part souligné que l'établissement financier ne disposait pas d'informations permettant de considérer les opérations des salariés mis en cause comme suspectes.

Le gendarme boursier devrait faire connaître ses décisions sous un mois.