Les marchés boursiers nord-américains ont montré mardi des signes de reprise dans un monde post-Brexit, récupérant une partie des importantes pertes cumulées vendredi et lundi, à la suite du vote des Britanniques pour le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne.

L'indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto a gagné mardi 152,90 points (+1,1%) pour clôturer à 13 842,69 points, récupérant plus du tiers des pertes des deux séances précédentes.

Le dollar canadien s'est, lui aussi, apprécié vis-à-vis du dollar américain, regagnant 0,23 cent US à 76,72 cents US.

À la Bourse des matières premières, le cours du pétrole brut a avancé de 1,52 $ US à 47,85 $ US le baril, tandis que le prix du cuivre a bondi de 5 cents US à 2,17 $ US la livre.

Le lingot d'or, une valeur refuge dont le prix avait grimpé de plus de 60 $ US depuis le référendum au Royaume-Uni, a perdu mardi 6,80 $ US à 1317,90 $ US l'once.

Après deux séances particulièrement calamiteuses, les autres marchés boursiers ont aussi redressé la tête  sans toutefois cesser de se préoccuper du flottement persistant créé par le Brexit.

«La panique est derrière nous», a estimé Christopher Dembik, un économiste de Saxo Banque même si d'autres experts ne voyaient qu'un simple rebond technique lié à des opportunités de rachats après les dégringolades boursières des derniers jours.

Alan Skrainka, chez Cornerstone Wealth Management, pointait ainsi les effets d'une «chasse aux bonnes affaires» et relevait qu'il restait encore «énormément d'incertitude» cinq jours après le vote britannique pour une sortie de l'Union européenne.

Portée par ce rebond, la Bourse de New York a toutefois gagné 1,57%, dans le sillage des places européennes et sans doute réconfortée par une analyse de l'agence Fitch prédisant un impact «limité» du Brexit sur l'économie américaine.

Plus généralement, les investisseurs semblaient soulagés de voir les dirigeants européens se réunir à Bruxelles pour tenter d'ébaucher des pistes de sortie de crise.

À la clôture, Paris a pris 2,61%, Francfort 1,93% et Londres 2,64%. Madrid a eu aussi le vent en poupe avec une hausse de 2,48%, tout comme Milan (+3,30%).

Le sommet de Bruxelles n'a pourtant pas abouti à des solutions concrètes: les dirigeants européens ont simplement exhorté les Britanniques à engager au plus vite leur procédure de divorce avec l'UE, avertissant qu'ils ne bénéficieraient d'aucun traitement de faveur.

Malgré ces incertitudes, les banques et la livre britannique, qui ont le plus souffert en Bourse depuis le Brexit, ont aussi repris des couleurs.

Mais l'embellie restait fragile.

«Après la forte baisse des deux derniers jours», savoir si le rebond de l'ouverture «est susceptible de prendre de l'ampleur, c'est un pari qui nous paraît hasardeux», observe le courtier Aurel BGC.

«Les marchés sont ainsi totalement soumis aux décisions politiques, la variable la plus incertaine qui soit dans un contexte où le Royaume-Uni ne peut que constater l'état de délabrement dans lequel se trouve sa classe politique et ses partis», selon lui.

Le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn a ainsi refusé de démissionner après le vote mardi d'une motion de défiance des députés de son parti.

Le taux d'emprunt de même échéance du Royaume-Uni se tendait un peu par contre, pénalisé par l'abaissement de la note du Royaume-Uni à la fois par l'agence financière Fitch et l'agence de notation Standard and Poor's.

En dépit de la stabilisation du jour, «il est certain que la volatilité va rester très élevée pendant plusieurs semaines et que les investisseurs vont privilégier les valeurs refuges, comme l'or et le yen japonais», constate en effet M. Dembik.