La livre britannique plongeait vendredi face au dollar, perdant jusqu'à près de 12% de sa valeur et tombant à un plus bas en 30 ans, tandis que l'euro a lâché jusqu'à 4,5%, après la victoire des partisans d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE) lors d'un référendum très disputé.

Vers 9 h 15, l'euro valait 1,1059 dollar contre 1,1422 dollar jeudi vers 21 h GMT (16 h au Québec). La monnaie unique est tombée vers 3 h 50 GMT vendredi à 1,0913 dollar, son niveau le plus faible en près de quatre mois, après avoir atteint en début d'échanges asiatiques 1,1428 dollar, un sommet en six semaines.

La monnaie unique européenne baissait fortement face à la monnaie nippone, à 113,10 yens - tombant même vers 2 h 40 GMT à 109,57 yens, son niveau le plus faible depuis décembre 2014 - contre 121,66 yens jeudi soir.

Le dollar aussi chutait face à la devise japonaise, à 102,28 yens - après être tombé vers 2 h 40 GMT à 99,02 yens, au plus bas depuis novembre 2013 - contre 106,53 yens la veille.

La livre britannique baissait toujours nettement face à la monnaie unique, à 80,62 pence pour un euro contre 76,30 pence jeudi soir. La livre est tombée vers 4 h 25 GMT à 83,14 pence, son niveau le plus faible depuis début avril 2014, après avoir atteint en début d'échanges asiatiques 76,01 pence, son niveau le plus fort en trois semaines et demie. Elle a ainsi chuté de plus de 9% entre ces deux pôles.

La livre britannique continuait à baisser face au billet vert, à 1,3716 dollar pour une livre contre 1,4974 dollar jeudi soir. La livre est tombée vers 4 h 25 GMT à 1,3229 dollar, au plus bas depuis septembre 1985, après avoir atteint en début d'échanges asiatiques 1,5018 dollar, son niveau le plus élevé depuis mi-décembre.

Après un bond suite à la publication jeudi de sondages donnant les partisans du maintien dans l'UE en courte tête, la livre s'en enfoncée dans une spirale baissière alors que les dépouillements commençaient à montrer l'avance du camp pro-Brexit (pour «British Exit») suite au référendum de jeudi.

Selon les résultats définitifs, les Britanniques se sont prononcés à 51,9% en faveur d'un Brexit, contre 48,1% pour le maintien.

Les conséquences d'une sortie de l'UE «se feront ressentir à moyen terme mais le marché prend acte de cette décision immédiatement et les investisseurs privilégient désormais en priorité les valeurs refuges comme l'or, le yen japonais ou encore l'obligataire», observait Sylvain Loganadin, analyste chez FXCM.

L'once d'or a ainsi atteint vendredi 1.359,08 dollars, son niveau le plus fort depuis mars 2014.

Suite au résultat et à la dégringolade de la livre, la Banque d'Angleterre (BoE) a annoncé vendredi qu'elle se tenait prête à agir pour assurer la stabilité monétaire et financière du Royaume-Uni, surveillant de près l'évolution de la situation.

Rassurant quelque peu les marchés, le gouverneur de la BoE Mark Carney a ajouté que l'institution était prête à débloquer pour plus de 250 milliards de livres de fonds additionnels et qu'elle était capable de fournir des liquidités considérables en devises étrangères.

«Il y a énormément de conséquences aux événements de cette nuit (au Royaume-Uni), pour les marchés, pour la politique (britannique), et plus largement pour la situation géopolitique mondiale», commentait Simon Smith, analyste chez FxPro.

L'effet du résultat du vote s'est déjà fait sentir au-delà des frontières du Royaume-Uni, avec notamment une intervention vendredi de la Banque nationale suisse (BNS) sur le marché des changes pour stabiliser le franc suisse.

Première à réagir du fait de l'heure de diffusion des résultats, la Banque du Japon (BoJ) s'est déclarée «prête à injecter des liquidités», en concertation avec les autres banques centrales, tandis que le ministre japonais des Finances, Taro Aso, a prévenu qu'il ne resterait pas inerte en cas de nécessité de calmer les marchés.

La Réserve fédérale américaine (Fed) s'est aussi dite prête à fournir des liquidités en cas de «pressions» sur les marchés.

Les ministres des Finances et présidents des banques centrales du G7 ont mis en garde vendredi dans un communiqué commun contre les possibles «effets néfastes» sur la stabilité économique des mouvements de change «excessifs» après le choc du «non» britannique à l'Union européenne.

Vers 13 h 15 GMT, la devise suisse grimpait face à l'euro, à 1,0800 franc pour un euro, après avoir atteint vers 5 h GMT 1,0623 franc, son niveau le plus fort depuis début août 2015.

La monnaie suisse perdait du terrain face au dollar, à 0,9765 franc pour un dollar.

La devise chinoise dégringolait face au billet vert, à 6,6251 yuans pour un dollar, évoluant à des niveaux de faiblesse plus vus depuis janvier 2011, contre 6,5807 yuans jeudi à 15 h 30 GMT.

L'once d'or a fini à 1.313,85 dollars au fixing du matin, contre 1.262,15 dollars jeudi soir.