La biotech lavalloise Bellus Santé, anciennement connue sous le nom de Neurochem, s'est effondrée de 80% en Bourse lundi. Les investisseurs ont retranché 100 millions de dollars de valeur boursière à l'entreprise du docteur Francesco Bellini en réaction à l'échec enregistré par son produit vedette en phase finale de validation pour traiter des troubles de la fonction rénale.

La forte appréciation du titre cette année laissait croire que les investisseurs anticipaient que les informations divulguées lundi confirmeraient les résultats positifs d'innocuité et d'efficacité précédemment démontrés. Il s'agissait de la dernière étape clé avant le dépôt des demandes d'approbation réglementaire.

Le titre de Bellus avait triplé de valeur depuis le début janvier s'appréciant jusqu'à 3$ ce printemps en prévision de la mise à jour faite lundi. L'action a reculé à 20 cents en matinée avant de récupérer un peu de terrain en cours de séance à la Bourse de Toronto.

À la lumière des résultats présentés, l'analyste André Uddin, de la firme Mackie Research, a immédiatement retiré sa recommandation d'achat pour suggérer la vente de l'action de Bellus. Il a aussi charcuté sa cible qui était de 2,80$ pour la ramener à 15 cents.

«Les périls de la biotechnologie viennent de frapper», dit-il. «Mon nouveau prix cible est basé sur la position financière en espèces de l'entreprise qui se situe à 9,7 millions de dollars, l'équivalent de 15 cents par action.»

La direction de Bellus a indiqué lundi que son médicament Kiacta, destiné au traitement de l'amylose AA - une maladie rare et mortelle qui mène souvent à l'insuffisance rénale -, ne répondait pas à son principal critère d'efficacité (ralentir le déclin de la fonction rénale).

L'impact est majeur, car Bellus avait signé, il y a six ans, une entente avec la firme privée d'investissement Auven Therapeutics afin de mener et financer la phase III. 

L'objectif était de vendre Kiacta à une grande pharmaceutique après le dévoilement des résultats de phase III, souligne André Uddin, pour qui il est maintenant clair que Kiacta n'obtiendra pas l'approbation des autorités américaines et européennes. 

Cet analyste évaluait que la vente de Kiacta avait le potentiel pour rapporter jusqu'à 285 millions US à Bellus seulement.

«Bien que nous soyons déçus, l'ensemble des données sera évalué afin de déterminer la meilleure voie à suivre pour l'avenir», a commenté le PDG de Bellus, Roberto Bellini, par communiqué. La Presse a tenté de rejoindre le patron de Bellus, mais un porte-parole a répondu que les dirigeants n'accordaient pas d'entrevue en ce moment.

PDG de Bellus depuis 2010, Roberto Bellini est un des fils de l'entrepreneur québécois Francesco Bellini, bien connu dans le secteur pharmaceutique. Francesco Bellini avait cofondé le fleuron québécois BioChem Pharma en 1986 avant sa vente à Shire pour six milliards en 2001.

Il avait par la suite participé à la création de Neurochem, une entreprise qui avait mis au point un médicament contre l'alzheimer. Après un bon départ, Neurochem avait piqué du nez en 2007 lorsque les autorités américaines avaient bloqué le produit vedette. La direction avait alors décidé de changer le nom de Neurochem pour celui de Bellus Santé.

Plus de 60% des actions de Bellus Santé appartiennent de façon presque égale à deux entités représentées au conseil d'administration. Le président du conseil Francesco Bellini assure les intérêts de sa famille dans Bellus, tandis que Pierre Larochelle défend l'investissement des Entreprises Victoria Square, une filiale de Power Corporation (notamment propriétaire de La Presse).

Bellus Santé en bref

• PDG : Roberto Bellini

• Activités : développement de médicaments pour le traitement de maladies rares en mettant l'accent sur les troubles de la fonction rénale.

• Siège social : Laval

• Bourse : Toronto

• Symbole : BLU

• Principaux actionnaires : Les Entreprises Square Victoria (Power Corp) 32%, Rocabe Investments (famille Bellini) 30%, Pharmascience 12%