En dépit d'une petite rechute hier, le rebond des cours des matières premières et du pétrole depuis quelques semaines a beaucoup profité à l'indice phare de la Bourse canadienne, le S&P/TSX.

Jusqu'à le propulser en tête du palmarès de rendement des principaux indices boursiers depuis le début de l'année.

Pour les investisseurs canadiens, ce regain du S&P/TSX est un réconfort bienvenu après la correction de l'automne dernier, avec le krach pétrolier en toile de fond. La correction s'était aussi prolongée au début de 2016.

D'ailleurs, malgré sa vigoureuse relance des dernières semaines, l'indice S&P/TSX demeure en dépréciation de 4 % par rapport à son niveau d'il y a un an.

En comparaison, les grands indices américains, le S&P500 et le Dow Jones, ont déjà rattrapé sinon dépassé légèrement les pertes de valeur subies l'automne dernier et en début d'année 2016.

Dans ce contexte, quelle est la possibilité que l'indice phare de la Bourse canadienne poursuive sur son erre d'aller favorable des dernières semaines ?

« À moins d'un autre rebond du prix du pétrole, je ne m'attends pas à ce que la Bourse canadienne puisse s'apprécier autant à moyen terme que ce que nous avons vu jusqu'à maintenant cette année », a commenté à l'agence Bloomberg Kevin Headland, stratège principal chez Gestion d'actifs Manuvie à Toronto, qui gère 325 milliards en actifs.

BON POTENTIEL D'APPRÉCIATION

D'autres professionnels des marchés considèrent qu'en dépit d'un multiple cours/bénéfice rehaussé autour de 17 fois, l'indice S&P/TSX aurait encore un bon potentiel d'appréciation en réserve pour les prochains mois.

« À première vue, la Bourse canadienne n'est pas très abordable. Mais le tableau est différent lorsqu'on en soustrait le secteur des ressources naturelles », souligne Stéfane Marion, économiste et stratège en chef à la Banque Nationale, dans son plus récent rapport mensuel de conjoncture.

Chez la firme Canaccord Genuity, Martin Roberge, analyste principal des marchés nord-américains, est aussi confiant envers la Bourse canadienne à moyen terme.

« La remontée du multiple cours/bénéfice de l'indice S&P/TSX suscite des inquiétudes envers une certaine surévaluation de la Bourse canadienne. Mais je suis en désaccord avec cette perception », écrit-il dans son plus récent billet hebdomadaire.

« D'une part, avec le rebond des prix des matières premières, les analystes s'apprêtent à rehausser leurs prévisions de bénéfices parmi les entreprises canadiennes liées à ces secteurs. D'autre part, l'indice S&P/TSX a du chemin à parcourir pour retrouver ses niveaux précédents au-delà des 15 000 points (15 450 points en avril 2015 et 15 657 points en septembre 2014).

« Considérant le niveau des transactions de couverture sur la Bourse canadienne, je m'attends à ce que le seuil des 15 000 points soit franchi à nouveau lors de ce cycle boursier. »

Parmi les investisseurs en gestion active, est-ce que le regain de la Bourse canadienne est suffisant pour motiver des investissements additionnels afin de profiter de la suite de ce rebond ou, au contraire, par des prises de profit sur les titres gagnants, avant que le rebond soit neutralisé ?

« Même si nous demeurons positifs envers les perspectives boursières à moyen terme, avec l'atteinte de nouveaux sommets d'ici la fin de 2016, nous recommandons à nos clients investisseurs d'être prudent et au "neutre" pour le court terme », lit-on dans le plus récent billet de stratégie de placement de Valeurs mobilières Banque Laurentienne (VMBL).

Néanmoins, VMBL recommande aussi à ses clients de « surpondérer » les actions canadiennes dans leur portefeuille.

Et parmi les secteurs d'activités à privilégier, VMBL vient d'ajouter les entreprises industrielles à celles de la consommation de base, des services financiers et des matières premières qu'elle avait déjà recommandées auparavant.