Un courtier immobilier de Westmount et un day-trader québécois font partie d'un groupe qui souhaite obtenir l'autorisation d'intenter un recours collectif contre l'entreprise montréalaise Amaya et ses dirigeants dans la foulée des accusations de délit d'initiés portées en mars à l'endroit de celui qui était, jusqu'à cette semaine, le principal dirigeant d'Amaya.

Les plaignants à l'origine de la demande déposée en Cour supérieure du Québec sont une compagnie présidée par Michael Shatilla, un courtier immobilier de Westmount, et Jacques Lemelin, qui gagne sa vie comme day-trader. Ils allèguent notamment que durant la première moitié de 2014, Amaya et des initiés de l'entreprise - notamment David Baazov - ont partagé des informations privilégiées au sujet des discussions entourant l'acquisition de PokerStars afin de mousser le titre d'Amaya, ce qui a gonflé artificiellement la valeur de l'action pour contribuer à rendre possible l'achat de PokerStars.

La poursuite vise à obtenir des compensations pour les investisseurs qui ont perdu de l'argent après avoir effectué des transactions sur le titre d'Amaya entre le 31 mars 2014 et le 22 mars 2016. Les avocats des demandeurs feront notamment valoir qu'en raison d'une fausse représentation de faits importants, des investisseurs se retrouvent lésés car ils auraient pu acheter des actions d'Amaya a un prix inférieur alors que d'autres investisseurs ont vu la valeur de leurs actions chuter.

Les poursuivants soutiennent également, entre autres, que David Baazov a fait de fausses déclarations aux investisseurs.

En plus d'Amaya, la liste des défendeurs compte notamment le fondateur et principal actionnaire individuel d'Amaya, David Baazov, le chef des finances, Daniel Sebag, ainsi que trois membres indépendants du conseil d'administration d'Amaya, soit Divyesh Gadhia, Harlan Goodson et Wesley Clark.

Joint au téléphone vendredi après-midi, Michael Shatilla a poliment refusé de commenter. Au moment de publier, Amaya n'avait pas encore répondu à La Presse

Ce n'est par ailleurs pas la seule poursuite du genre qui s'organise contre Amaya. Une démarche de recours collectif distincte se dessine aussi aux États-Unis. En plus d'être listé à la Bourse de Toronto, l'action d'Amaya se transige également au Nasdaq.

En plus de déposer des accusations pour délit d'initiés contre David Baazov le 23 mars, l'Autorité des marchés financiers avait indiqué que l'homme de 35 ans serait la source principale d'un coulage majeur d'informations privilégiées qui s'inscrirait à l'intérieur d'un stratagème à grande échelle visant à enrichir un groupe d'individus. Le titre d'Amaya a basculé de 21% le jour de l'annonce des accusations dans fort volume de transactions. 

Amaya a fait savoir cette semaine que David Baazov quittait sa double fonction de PDG et président du conseil d'administration d'Amaya et qu'il prenait un congé rémunéré d'une durée indéterminée.