Les compagnies aériennes et les autres entreprises liées au transport et au tourisme ont écopé sur les grandes places boursières mondiales, qui ont autrement démontré une étonnante résilience, hier, à la suite des attentats de Bruxelles.

Les investisseurs, redoutant des retombées négatives pour des secteurs déjà très affaiblis par les attentats à Paris et la menace terroriste en Europe, ont plombé les actions des transporteurs comme le groupe européen Air France-KLM, en baisse de tout près de 4 %. Le titre avait de même chuté de 5,6 % à la reprise des transactions après les attentats de Paris.

Le Groupe Eurotunnel, dont les rails relient Paris à Londres, le gestionnaire des aéroports de Paris ADP et le groupe hôtelier français Accor ont pour leur part dévissé d'environ 3 %, hier, comme le 16 novembre dernier.

Même les compagnies aériennes canadiennes Air Canada et Transat A.T. ont été malmenées en Bourse. Le plus important transporteur national, en forte remontée depuis le début du mois, a retranché 2,3 %, tandis que le noliseur établi à Montréal a cédé 2,6 % malgré la conclusion d'une nouvelle convention collective de cinq ans avec ses pilotes.

Aux États-Unis, les actions des American Airlines, Delta Airlines, United Continental Holdings et Southwest Airlines étaient également touchées, mais par moins de 2 %. On remarque aussi une chute de valeur de 2,9 % du croisiériste Royal Caribbean et de 2,1 % de l'américain Carnival, malgré une actualité favorable après le feu vert de La Havane pour organiser des voyages entre les États-Unis et Cuba.

L'EUROPE TIENT BON

Les grands indices boursiers européens comme nord-américains n'ont par contre guère bronché au total, les valeurs refuges ayant profité des sorties dans les secteurs plus à risque. Les observateurs estiment que le risque terroriste est de plus en plus intégré par les investisseurs, notamment depuis les attentats de novembre à Paris.

Première concernée, la Bourse de Bruxelles a même marqué quelques points, les investisseurs s'abstenant de tout mouvement émotif après les attentats. L'Euronext BEL20 a fini en hausse de 0,2 % après avoir passé la majeure partie de la séance légèrement dans le rouge. Le principal indice d'actions belge peine à se relever après un décrochage de 10,5 % dans les deux premiers mois de l'année.

La Bourse de Paris a également redressé la barre pour la clôture. La cote parisienne avait ouvert à la baisse, mais sans jamais céder à la panique alors que les informations concernant les explosions survenues à l'aéroport international de Bruxelles défilaient sur les écrans des négociants d'actions.

« Ce qui se passe à Bruxelles pèse clairement, cela rappelle de très mauvais souvenirs des attentats à Paris, et donc logiquement, la peur revient sur les marchés », avait expliqué à l'Agence France-Presse (AFP) un vendeur d'actions de HPC en cours de séance.

L'Euro Stoxx a pour sa part fini la séance sur un gain marginal de 0,1 %. L'indice européen aurait pu monter davantage avec la bonne tenue de Wall Street hier et le net rebond de 2 % de la Bourse de Tokyo, dopée par l'affaiblissement du yen par rapport au dollar. La séance était aussi marquée par une batterie impressionnante d'indicateurs macroéconomiques en Europe.

Les valeurs européennes liées à la consommation de luxe n'ont guère bronché dans cet environnement tourmenté. Les sociétés Kering, LVMH et Hermes International ont effacé environ 1 % de leur capitalisation. Elles avaient lâché environ 3 % en novembre dernier.

NEW YORK IMPERTURBABLE

Plus près de nous, l'indice S&P des 500 plus grandes entreprises américaines, en nette remontée depuis le début du mois, a reculé de moins de deux points, à la faveur de bons chiffres sur l'activité manufacturière américaine. Les événements tragiques de Bruxelles ont eu peu d'impact. Rien à voir, en tout cas, avec la chute de 12 % qui avait suivi la reprise des transactions au surlendemain des attaques du 11 septembre 2001 à New York.

« C'était une séance tranquille », a résumé Mace Blicksilver, de Marblehead Asset Management. En entrevue à l'AFP, il a signalé que les échanges étaient limités du fait que la semaine sera raccourcie pour le Vendredi saint.

La Bourse de Toronto a elle aussi régressé de peu, soit de 0,5 %, suivant l'indice S&P/TSX, malgré les inquiétudes géopolitiques nourries par les attentats. Un léger bond du cours de l'or, considéré comme une valeur refuge, a réduit les dégâts.

Le prix du pétrole est par ailleurs demeuré presque inchangé. Le pétrole s'était pourtant enflammé après les attentats à la bombe à Londres, en 2005, la tuerie de Bombay en 2008 et les attentats de Paris en novembre dernier.

Sur le marché des changes, par ailleurs, le dollar américain a poursuivi un léger rebond entamé vendredi dernier. Le billet vert profite surtout des déclarations de plusieurs membres de la Réserve fédérale américaine favorisant une hausse prochaine des taux aux États-Unis.