Les grandes banques canadiennes ont succombé au pessimisme ambiant à la Bourse de Toronto, hier, cédant en moyenne 1,9 % de leur valeur, alors que se poursuit leur ronde de divulgation de résultats financiers souillés par le mazout.

La Banque Royale a certes déçu les milieux financiers en ratant leurs prévisions de bénéfices pour la première fois en 10 trimestres. Cela dit, la première banque canadienne avait aussi de bonnes nouvelles pour eux, à commencer par une augmentation de 2,5 % du dividende trimestriel.

L'analyste John Aiken, de Barclays, hésitait encore hier matin sur l'attitude à prendre à l'égard de ces développements. 

« Les optimistes vont s'intéresser aux bénéfices solides et à la capacité de la Royale à capitaliser sur l'augmentation des provisions à l'égard des pertes sur prêts ainsi que sur le fait qu'elle se montre plus réaliste que ses pairs à l'égard de son portefeuille énergétique », écrit-il d'une part.

« Les pessimistes vont relever le fait que la Royale n'a pas encore complètement réglé la question de l'augmentation des réserves à l'encontre du secteur de l'énergie qui reste nettement à la traîne des niveaux américains avec la hausse des faillites de consommateurs », poursuit-il d'autre part.

Le verdict des marchés a été cassant avec une perte boursière de 2,6 % en clôture. L'analyste Robert Sedran, de la CIBC, note que la croissance des pertes sur prêts est moins lisse que dans les modèles économétriques et que d'autres chocs, comme révélés hier, pourraient ébranler encore le marché dans les prochains trimestres.

LA BN POURSUIT SA CHUTE

La Banque Nationale a été la plus éprouvée hier avec une chute de 2,9 % en Bourse. Le titre avait vu une pareille dégringolade, mardi, alors que l'attention des analystes et des investisseurs s'attardait à la gestion du portefeuille de prêts au secteur pétrolier de la banque.

Doug Young, de Desjardins Marchés des capitaux, a abaissé à 40 $ sa cible de prix pour l'action BN aujourd'hui à 36,35 $. Il s'en tient toujours à une recommandation de « à conserver » à l'instar de la grande majorité de ses collègues. Voici son résumé de la situation : 

« La BN offre une exposition relativement plus élevée au Québec, une province avec un secteur d'exportation fort qui devrait bénéficier d'un dollar canadien plus faible et d'une économie américaine renforcée, et où les consommateurs devraient profiter de prix plus bas du pétrole. La Nationale a une bonne section de gestion de fortune. Cependant, ses revenus dépendent plus des marchés de capitaux, qui sont plus volatils. Et ses prêts directs à l'industrie du pétrole et du gaz resteront un vent de face sur les provisions pour pertes. »

« Les pessimistes, regardez ailleurs », écrivait par ailleurs Sohrab Movahedi, de BMO Marchés des capitaux, après relecture des chiffres de la Banque de Montréal, publiés dans la foulée mardi. L'analyste trouve quant à lui peu à redire du bénéfice, au-delà de ses attentes, comme du « fort » dossier de crédit et du « solide » ratio de capitalisation de la quatrième banque canadienne. L'action BMO a perdu près de 1 % de sa capitalisation boursière ces deux dernières séances.

La recommandation

Plusieurs analystes financiers ont abaissé leurs prévisions de prix cible pour les banques à la lumière des nouvelles données sur les mauvaises créances à l'industrie pétrolière. Ils s'en tiennent généralement à recommander de « conserver » ces titres. Dans le lot, la Banque Laurentienne, que l'on retrouve bien loin des tours de forage pétrolier, et la CIBC se distinguent aujourd'hui avec une cote de 3,0 sur l'échelle de Thomson Reuters qui va de 1 à 5. La Nationale fait aussi bonne figure avec une note de 2,8 cependant que la Toronto-Dominion, longtemps favorite, se retrouve aujourd'hui à la queue avec 2,2.

LES BANQUES EN BOURSE

Banque / Variation du cours hier / Variation en 2016

Banque Nationale / -2,9 % / -7,1 %

Banque Royale / -2,6 % / -6,1 %

Banque Scotia / -2,2 % / -2,1 %

CIBC  / -2,0 % / -2,2 %

Banque Toronto-Dominion / -1,8 %/ -3,8 %

Banque Laurentienne / -1,0 %/ -2,3 %

Banque de Montréal / -0,7 %/ -5,6 %

Source : Thomson Reuters