Emportées une nouvelle fois par les incertitudes autour de la croissance mondiale, les Bourses européennes se sont enfermées lundi dans une spirale baissière tournant à la déroute pour le secteur bancaire.

Si Wall Street est parvenue à limiter ses pertes en fin de séance, les Bourses européennes d'Oslo à Madrid en passant par Athènes ont fini en forte baisse. Paris a cédé 3,20 %, Francfort 3,30 %, Londres 2,71 % et Milan 4,69 %.

La Bourse d'Athènes était en déroute, l'indice reculant de 7,87 %, avec un secteur bancaire laminé: -17,65 % pour Alpha Bank, -27,21 % pour la Banque du Pirée, -29,06 % pour la Banque Nationale et -29,20 % pour Eurobank.

Ailleurs en Europe, les banques ont aussi souffert, comme la semaine dernière. En Italie, foyer d'inquiétude bancaire depuis quelques semaines, BMPS a baissé de -11,95 %, Banco Popolare -9,09 %.

BNP a perdu 5,47 %, Société Générale 6,12 %, Crédit Agricole 5 %, Deutsche Bank -9,5 % Commerzbank -9,49 %, Barclays -5,34 %, RBS -4,63 %...

Aux États-Unis Wall Street était sur la même longueur d'onde, - 2,24 % pour le Dow Jones, -2,79 % pour le Nasdaq tandis que de nombreuses Bourses asiatiques étaient fermées à l'occasion des célébrations du Nouvel An chinois. Tokyo a en revanche fini en hausse de 1,1 %.

« Les places européennes se sont fait maltraiter [...] les banques subissant de plein fouet. Le sentiment général reste pessimiste en raison des préoccupations croissantes sur l'économie mondiale », selon l'analyste Fawad Razaqzada de Forex.com.

« C'est clairement l'aboutissement d'une spirale baissière », car « il n'y a pas d'éléments nouveaux aujourd'hui », observe Daniel Larrouturou, directeur général délégué de Diamant Bleu.

L'ensemble des places mondiales ont connu un début d'année calamiteux, résultat d'un cocktail d'inquiétudes autour de la santé de l'économie mondiale, en particulier la Chine ainsi que de l'érosion des cours de l'or noir. « Le pire début d'année jamais enregistré sur les marchés », commentait fin janvier à Davos le directeur général de Credit Suisse, Tidjane Thiam.

Les investisseurs gardent les yeux rivés sur l'action des banques centrales, en particulier la Réserve Fédérale américaine (Fed), après la publication vendredi d'un rapport sur l'emploi qui entretient l'incertitude.

« Les chiffres de l'emploi américain, publiés vendredi, entretiennent la confusion sur la poursuite de la remontée des taux aux États-Unis », soulignent les gérants de Barclays Bourse.

La Réserve fédérale américaine a remonté ses taux en décembre et d'autres remontées étaient attendues en 2016, mais les incertitudes récurrentes sur la santé de l'économie américaine - encore illustrées par des créations d'emplois inférieures aux attentes - pèsent sur ces perspectives.

Les chiffres américains sur l'emploi ont « de quoi relancer les spéculations sur une poursuite de la remontée des taux directeurs dès la prochaine réunion de la Fed les 15 et 16 mars, alors que nombre d'investisseurs tablent sur un statu quo en raison des résultats d'entreprises mitigés qui sont actuellement publiés », expliquent les gérants chez Barclays Bourse.

Créances douteuses

Le marché va par conséquent être particulièrement attentif aux discours que tiendra devant le Congrès américain mercredi et jeudi la présidente de la Fed, Janet Yellen.

La Chine restait également une préoccupation, même si les marchés du pays sont fermés à l'occasion du Nouvel An.

Pour les stratégistes de Crédit Mutuel-CIC, la nouvelle chute des réserves de change de la Banque centrale, dévoilée ce week-end, « entretiendra les craintes de voir la seconde économie du monde rater son atterrissage ».

Les réserves de devises de la Chine ont fondu à des niveaux inédits depuis près de quatre ans, Pékin vendant des dollars pour soutenir le yuan.

Dans ce contexte relativement anxiogène, le secteur bancaire, mal orienté, était un élément perturbateur de plus, en période de publication des résultats annuels d'entreprises.

« Les banques ont baissé pour les mêmes raisons qu'aux États-Unis : les risques sur le secteur pétrolier ou sur les dettes émergentes par exemple », notent les analystes de Cholet Dupont.

Mais « d'autres considérations sont intervenues », comme le « maintien d'une politique monétaire très souple et des taux longs très bas » qui « diminuent leurs marges et réduisent leur profitabilité ».

« Les bénéfices décevants dans le secteur ont poussé les investisseurs à se pencher de nouveau sur le dossier des créances douteuses des banques qui n'a pas été réglé depuis la crise », analyse Jasper Lawler de CMC Markets.