L'or revient en faveur après six années de misère. Dans la déroute généralisée des marchés depuis le début de l'année, c'est l'un des rares métaux à préserver sa valeur, de même que les titres aurifères sont parmi les rarissimes gagnants à la Bourse de Toronto.

Le prix du métal précieux, à 1125 $US l'once hier, a progressé de plus de 6 % depuis le 1er janvier dans un volume d'échanges remarquablement fort. Parallèlement, l'indice mondial des producteurs d'or, en rattrapage sur le lingot, a regagné près de 9 % de sa valeur.

C'est le retour du balancier. L'or avait fondu de 44 % depuis 2011 tandis que les titres aurifères abandonnés par les fonds généralistes avaient largué près de 70 % de leur valeur. L'indice mondial des producteurs d'or a chuté de 25 %, l'an dernier seulement.

L'équipe de recherche de RBC Marchés des capitaux croit que « cette fois c'est différent » pour le métal jaune dont la volatilité est légendaire. Selon les six analystes du Canada, d'Europe et d'Australie spécialisés dans les mines et métaux, plusieurs facteurs structuraux appuient la poussée de l'or sur les marchés.

DEMANDE ACCRUE

Les banques centrales, notent-ils, sont maintenant des acheteurs nets d'or. Les réserves officielles d'or détenues par la banque centrale de Russie ont notamment augmenté de 21 % depuis un an, a révélé l'agence Platts cette semaine. La Chine, deuxième consommateur au monde, est pour sa part devenue le sixième dépositaire sur la planète, en accaparant environ 6 % de la production entre 2010 et 2015.

Les fonds négociés en Bourse spécialisés dans l'or sont aussi de retour sur le marché. Ils ont accumulé plus de 1,2 million d'onces depuis le début de 2016 et se retrouvent sensiblement avec le même trésor qu'en 2009, quand l'or valait encore 900 $US, relèvent les experts de la RBC. Les positions spéculatives sur la Commodity Exchange leur donnent confiance dans la tendance.

Le métal précieux paraît avoir retrouvé ses qualités de valeur refuge alors que les tensions s'accentuent sur la planète.

L'or démontre de même une grande résilience devant la fermeté du dollar américain, son plus important compétiteur à ce titre.

Le gérant de portefeuilles suisse Marc Faber, surnommé « docteur catastrophe » à Wall Street pour ses prévisions toujours extrêmement pessimistes, considère d'ailleurs l'or comme l'un des rares refuges contre le krach boursier mondial de 40 % qu'il anticipe maintenant au vu de l'accumulation de la dette des pays émergents.

La liste des titres favoris de la RBC est longue. En Amérique du Nord, ses experts préfèrent les sociétés Agnico Eagle, Franco-Nevada, Silver Wheaton, Detour Gold, Klondex, Primero, Guyana Goldfields, Asanko, Torex, Oceana Gold et Tahoe Resources, qui ont de beaux actifs et de solides bilans. La première, dont les coûts sont en pauvres huards et les revenus en beaux billets verts - une formule gagnante - ,s'est particulièrement bien tirée d'affaire durant le dernier cycle baissier.

LA RECOMMANDATION

Les fonds négociés en Bourse XGD, d'iShares, et ZGD, de la BMO, pistent tous deux l'indice Global Gold qui comprend les plus gros producteurs d'or au monde. La recette diffère cependant. Le premier pondère les titres suivant la capitalisation boursière. Il est donc davantage concentré dans les grosses aurifères, comme les canadiennes Goldcorp, Newmont et Barrick Gold qui accaparent à elles seules plus du tiers du portefeuille. Le second est équipondéré dans la mesure du possible. Les sociétés aurifères de moyenne importance, comme les québécoises Semafo ou Osisko, prennent donc autant de place que les grosses dans le panier de 29 titres. Le rendement du ZGD (- 22,9 %) a été un peu moins catastrophique que celui du XGD (- 24,0 %) ces trois dernières années.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Source : Thomson Reuters