C'est le retour sur terre pour Apple. Malgré des chiffres stratosphériques, la plus grande entreprise au monde fait face à la décroissance de son produit phare, l'iPhone, et au déclin bien réel de ses ventes de tablettes et d'ordinateurs Mac.

Faute de grande innovation par rapport à leurs prédécesseurs, seulement 74,8 millions d'iPhone 6S et 6S Plus ont été écoulés d'octobre à décembre, une augmentation marginale de 0,4 % sur un an. C'est le plus faible taux de croissance depuis le lancement du célèbre téléphone à la pomme, en 2007.

Les analystes sondés par FactSet prévoyaient des ventes d'au moins 75,5 millions d'iPhone pour ce trimestre qui inclut les ventes de Noël.

VICTIME DE SON SUCCÈS

« Apple est devenue une victime de son propre succès », commente l'analyste Daniel Ives, de FBR Capital Markets. « Beaucoup de clients soit ont acheté un iPhone 6, plus vieux mais moins cher, soit attendent l'iPhone 7. » Les iPhone 6S et 6S Plus, de dernière génération, avaient effectivement peu de nouveau à offrir par rapport aux appareils lancés en 2014 avec leurs plus gros écrans qui ont ravi le marché asiatique.

Également aux prises avec le ralentissement de la croissance économique en Chine, le président d'Apple Tim Cook s'attend maintenant à un premier déclin de ces ventes au terme du trimestre en cours. Taiwan Semiconductor Manufacturing, qui fabrique des puces pour Apple, prévoit elle-même une baisse de ses revenus de 11 % sur un an.

Pour leur part, les ventes de tablettes numériques ont continué de se dégonfler pour un cinquième trimestre consécutif. Seulement 16,1 millions d'unités ont été vendues au cours des trois derniers mois malgré l'introduction pour la rentrée de l'iPad Pro qui convoite le marché professionnel. Il s'agit d'une chute marquée de 24,7 % par rapport à il y a un an.

Les ventes d'ordinateurs Mac, qui défiaient jusqu'à récemment la tendance baissière sur le marché des ordinateurs personnels, ont quant à elles diminué de 3,8 % avec 5,3 millions d'unités écoulées.

DE NOUVEAUX SOMMETS

Cela n'empêche pas le groupe informatique américain d'afficher des résultats financiers records. Le bénéfice net atteint 18,4 milliards US, ou 3,28 $US par action, tandis que les revenus touchent 75,9 milliards US, pour ce premier trimestre de l'exercice décalé d'Apple. Les analystes anticipaient en moyenne des profits de 18,1 milliards US sur des recettes de 76,6 milliards US, selon Thomson Reuters.

Tim Cook, coutumier des prévisions légèrement en deçà des attentes, sidère ainsi les investisseurs pour le neuvième trimestre consécutif, au moins pour ce qui concerne le chiffre le plus important.

L'entreprise, dont la bonne santé et le dynamisme dépendent de sa gamme de téléphones multifonctions haut de gamme, prévoit par ailleurs une première baisse en dix ans de son chiffre total de ventes au terme du trimestre en cours.

BAISSE EN BOURSE

Les investisseurs aguerris, qui appréhendaient le pire, ont laissé le titre croupir sous les 100 $US sur les marchés hors cote. Le titre de la firme à la pomme s'échangeait à 99,66 $US une heure après la divulgation de ses derniers résultats. Il avait clôturé la séance officielle à 99,99 $US dans l'expectative d'un ralentissement des affaires.

Cela augure tout de même bien pour le marché boursier à la réouverture ce matin. Le titre - le plus gros au monde - compte pour 3,3 % du S & P 500 en matière de capitalisation boursière. Par contre, ses bénéfices représentent à eux seuls 7 % de tous les profits du S & P 500, selon S & P Capital IQ.

Considérée comme la plus grande marque de technologie au monde, Apple a perdu près de 5 % de sa valeur en Bourse depuis le début de l'année, comparativement à près de 7 % pour l'indice des 500 plus grosses sociétés américaines.

LA RECOMMANDATION

Apple est un titre incontournable en portefeuille, reconnaissent tous les analystes qui s'y intéressent. Quarante-trois d'entre eux en recommandent l'achat au cours déprimé actuel et sept prônent de le conserver ; aucun ne s'avance à en suggérer la vente. Le titre AAPL s'échange à un multiple des bénéfices attendus comparable à celui des grandes banques américaines mal-aimées, soit moitié moins que pour ses compétiteurs Alphabet (société mère de Google) ou Microsoft. La croissance des recettes et des profits exprimés par action d'Apple n'en est pas moins nettement supérieure à ces deux dernières, note le chroniqueur Philip van Doorn, de MarketWatch.

Photo Richard Drew, Associated Press

Tim Cook, PDG d’Apple