Les marchés européens tentaient de rebondir jeudi, au lendemain de leur plongeon et dans l'attente de la réunion de la Banque centrale européenne, alors que les places asiatiques sont restées plombées par les prix du pétrole qui continuent à reculer.

Vers 10H30 GMT, les principales places financières évoluaient en hausse: Paris gagnait 0,72%, Madrid 0,86%, Londres 0,47% et Francfort 0,56%. La Bourse de Milan prenait 1,35%, profitant d'une reprise des valeurs bancaires, notamment de l'action Monte dei Paschi di Siena (BMPS) qui s'envolait de 25% après trois jours de chute vertigineuse.

«Aujourd'hui, c'est bien évidemment la réunion de la BCE qui devrait animer la journée comme l'évolution du prix du baril de pétrole», a affirmé John Plassard, de Mirabaud Securities, interrogé à Paris.

«Nous surveillerons entre autres les commentaires du président Mario Draghi concernant l'inflation (ou le manque d'inflation) en zone euro, l'évolution boursière en Chine, la +fameuse+ boîte à outils que l'institution européenne pourrait sortir ces prochains mois et la reprise de l'activité économique», a-t-il développé.

Selon lui, l'espoir «que la BCE apporte une surprise positive» aide les marchés à se reprendre.

Face à ce début d'année noir sur les marchés, d'autant plus inquiets pour la croissance mondiale après l'abaissement mardi des prévisions du Fonds monétaire international (FMI), l'exercice pour la BCE s'annonce délicat. Et même si les investisseurs n'osent plus espérer de nouvelles mesures de soutien à l'économie, après avoir été très déçus de leur envergure lors de la précédente réunion en décembre, ils escomptent quand même des propos rassurants.

«Investisseurs refroidis»

En Asie, les principales Bourses ont de nouveau piqué du nez jeudi: malgré une ouverture en hausse, Tokyo a perdu 2,44% à la clôture, à l'instar de Hong Kong qui a reculé de 1,82%.

À Shanghai, au terme d'une séance en dents de scie, la Bourse a finalement chuté de 3,23% malgré des injections massives de liquidités par la banque centrale. Le marché est toujours affolé par le ralentissement persistant de l'économie chinoise, dont la croissance n'a atteint que 6,9% en 2015, sa plus faible depuis un quart de siècle.

Alors que les cours du baril de pétrole évoluent au plus bas depuis 12 ans, «la déprime des principaux marchés refroidit les investisseurs», a relevé Chen Xingyu, du courtier Phillip Securities.

Du côté du pétrole, après un bref rebond jeudi lié à des achats à bons comptes dans les échanges électroniques en Asie, les cours repartaient à la baisse dans un marché toujours affecté par les inquiétudes sur l'excès d'offre.

Vers 10H30 GMT (5h30 à Montréal), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en mars et dont c'est le premier jour comme contrat de référence perdait 6 cents, à 28,29 dollars. Mercredi, le WTI pour livraison en février avait dévissé de 6% à 26,19 dollars à New York avant de se reprendre un peu.

Les investisseurs restent persuadés que les données hebdomadaires sur l'état des stocks américains qui seront publiées jeudi ne leur donneront aucune raison d'être optimistes. Ils s'attendent en effet, selon les analystes, à une nouvelle augmentation des stocks.

Depuis mi-2014, les cours se sont effondrés d'environ 75%, affectant sérieusement les économies émergentes et notamment les grands producteurs d'or noir du Golfe.

Plongeon historique du rouble

Les Bourses des monarchies arabes ont d'ailleurs replongé mercredi au lendemain d'un rebond. Les sept places des pays du Golfe, qui pompent quotidiennement 18 millions de barils de brut, ont toutes fini dans le rouge, conduites par celles d'Arabie saoudite et de Dubaï.

D'autres places financières d'envergure plus modestes sont également entraînées par cette spirale baissière comme en Turquie où la Bourse d'Istanbul reculait jeudi de 1,56% ou en Amérique latine où la Bourse de Buenos Aires a chuté mercredi de 4,08% et celle de Sao Paolo de 1,08%.

Au Brésil, la banque centrale a décidé mercredi, contre toute attente, de maintenir inchangé son taux directeur, à 14,25%, à ce niveau depuis juillet, afin de prendre en compte les mauvaises perspectives économiques pour le géant sud-américain cette année qui devrait être encore marquée par une forte récession.

Sur le marché des changes, le plongeon persistant de l'or noir entraînait dans son sillage l'effondrement de la monnaie de la Russie où le pétrole représente avec le gaz plus de la moitié des revenus de l'État.

Le rouble a atteint jeudi de nouveaux records de faiblesse face au dollar, mettant la pression sur les autorités pour agir face à une crise économique qui s'annonce de plus en plus grave. Une situation qui n'a pas empêché le Kremlin de réfuter jeudi l'idée d'un «effondrement» du rouble, préférant évoquer une «volatilité des cours».