Alors que l'année 2016 débute de manière peu rassurante à la Bourse de Toronto, passée officiellement en période « baissière » jeudi dernier, l'analyste Keith Howlett, de Desjardins Marchés des capitaux, favorise une approche prudente dans le secteur le plus défensif. Difficile d'être plus précautionneux en Bourse.

L'expert de Desjardins s'attend à voir des rendements modérés dans le secteur de la consommation cette année, comme en 2015.

Les valeurs liées à la consommation de base, comme les épiceries et les pharmacies, ont connu une performance particulièrement bonne avec une progression de plus de 10 % en moyenne l'an dernier, tandis que celles de la consommation discrétionnaire, par exemple les détaillants et les restaurants, ont retraité d'environ 6 %.

Cela peut paraître peu par rapport aux gains importants d'environ 36 % obtenus pour les deux groupes les deux années précédentes. Mais c'est tout de même nettement mieux que pour l'ensemble du marché boursier canadien, dont le dixième de la valeur a été effacé l'an dernier.

Quatre commerçants québécois bien connus figurent d'ailleurs dans le top 10 du S&P/TSX 60, pour 2015. Il s'agit des magasins à petits prix Dollarama (avec un rendement positif de 35 %), des épiceries Metro (+ 26 %), du fabricant et distributeur de gaminets Gildan (+ 21 %) et de Quincaillerie Richelieu (+ 20 %).

La croissance économique et la création d'emplois au pays, la stabilisation du marché de l'habitation, particulièrement en Ontario et en Colombie-Britannique, et les économies obtenues sur le prix de l'essence devraient favoriser le secteur de la consommation en 2016, croit Keith Howlett. Le jeu des fusions et des acquisitions devrait aussi créer de la valeur boursière pour ces titres.

SES CHOUCHOUS

Disant préférer « la défense à l'attaque », ses deux plus chaudes recommandations pour la nouvelle année sont Alimentation Couche-Tard et EnerCare, deux sociétés qui sont bien positionnées pour procéder à des acquisitions, note-t-il.

La chaîne de dépanneurs au hibou racoleur profite des bas prix du pétrole qui lui laissent de meilleures marges à ses pompes et augmentent la demande, souligne l'analyste. Elle profite aussi de la faiblesse du dollar canadien grâce à son réseau de 8006 magasins en Amérique du Nord, 2217 stations-service en Europe et 4700 autres établissements dans 14 autres pays.

C'est aussi le titre préféré d'Irene Nattel, spécialiste du commerce de détail chez RBC Marchés des Capitaux, qui voit dans l'acquisition récente de Topaz, le plus grand réseau de dépanneurs et de stations-service en Irlande, une autre démonstration de la volonté d'Alimentation Couche-Tard de reproduire en Europe son plan d'affaires couronné de succès en Amérique.

EnerCare, fournisseur d'équipement de chauffage de North York, en Ontario, est moins concerné par les bas prix du brut. Il réussit par ailleurs à refiler aux consommateurs la hausse des prix que lui cause la faiblesse du huard. Keith Howlett l'apprécie surtout pour son modèle d'affaires stable, particulièrement dans un contexte macroéconomique difficile.

Parmi les titres plus traditionnels de la consommation discrétionnaire, l'analyste de Desjardins aime aussi Canadian Tire. « À notre avis, le prix de l'action de Canadian Tire reflète actuellement une vue trop pessimiste des dépenses de consommation en 2016 », écrit-il. C'est aussi un « top pick » de sa collègue Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux, qui en vante la productivité.

LA RECOMMANDATION

Les fonds négociés en Bourse (FNB) à faible volatilité permettent aux investisseurs de miser sur la reprise boursière, tout en protégeant les gains passés. Le fonds d'actions canadiennes à faible volatilité ZLB, de la BMO, par exemple, a réussi à conserver sa valeur dans un marché fortement baissier, l'an dernier. Nettement plus diversifié que le TSX, il laisse une plus grande part aux secteurs moins fluctuants, comme la consommation. On y trouve notamment des actions de Metro, Dollarama et BCE. Le rendement en dividendes est intéressant à 2,5 %.