Le gouvernement Couillard reste «fortement en désaccord» avec le projet de commission nationale des valeurs mobilières, que compte relancer Ottawa. Et l'opposition péquiste y voit la preuve que le gouvernement de Justin Trudeau révèle son «vrai visage» aux Québécois.

La Presse révélait lundi matin que le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, caresse à son tour le désir de créer un organisme pancanadien de régulation des valeurs mobilières. L'ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper avait commencé à échafauder ce projet controversé, auquel le Québec et l'Alberta s'opposent bec et ongles.

Invité à réagir à la nouvelle, le ministre québécois des Finances, Carlos Leitao, a rappelé la forte opposition de son gouvernement au projet fédéral.

«La position du gouvernement, c'est qu'il existe déjà un système coopératif entre les provinces pour la régulation des valeurs mobilières, a indiqué la porte-parole du ministre, Nathalie Roberge. Ça a fait ses preuves, ils servent très bien les intérêts des provinces, ça apporte une très bonne protection aux investisseurs.»

En novembre, lors de l'arrivée au pouvoir du gouvernement Trudeau, M. Leitao avait dit s'attendre à une plus grande ouverture de la part d'Ottawa sur cette question. 

Le ministre est-il déçu de la tournure des événements? «Je ne qualifierai pas les états d'âme, a rétorqué Mme Roberge. Ce qui est important, c'est que Québec continue ses représentations.»

Pour l'opposition du Parti québécois, la renaissance du projet de commission nationale des valeurs mobilières dévoile le «vrai visage» du gouvernement de Justin Trudeau.

«Malheureusement, la pomme n'est pas tombée loin de l'arbre, a dénoncé le député péquiste Nicolas Marceau. M. Trudeau fils, comme M. Trudeau père, n'a pas beaucoup de respect pour les compétences du Québec.»

Selon lui, le ministre Leitao a été «naïf» d'espérer un changement de cap du gouvernement fédéral.

La Coalition avenir Québec estime pour sa part que le gouvernement Couillard a une part de responsabilité dans la relance du projet fédéral. Il note en outre la réticence de Québec à critiquer le gouvernement Trudeau.

«Je trouve M. Leitao très mollasson dans sa façon de travailler, a dénoncé le député caquiste François Bonnardel. C'était le temps de mettre le poing sur la table et dire au fédéral qu'il est hors de question qu'on accepte de soulever ce dossier.»

L'été dernier, le gouvernement Couillard a demandé à la Cour d'appel de se pencher sur la constitutionnalité du projet fédéral. Québec a toujours soutenu que la réglementation des valeurs mobilières relève de son champ de compétences en vertu de la Constitution.