C'était hier le premier jour de Bourse des deux nouveaux groupes issus de la scission de Hewlett-Packard, l'une des 40 plus grandes entreprises du monde. Retour sur un parcours qui mériterait autant l'attention de Hollywood que celui - surexposé - de Steve Jobs, d'Apple.

Les belles années

L'entreprise fondée en 1939 par deux grands amis ingénieurs en électronique, William Hewlett et David Packard, était d'abord centrée sur les instruments de mesure. Mais la firme communément appelée HP se rend vite compte que la gestion des données est indispensable lorsqu'on possède de nombreux appareils de mesure. Elle devient le principal fabricant d'ordinateurs du monde, devant IBM et Dell, en 2008. La multinationale produit aussi près de la moitié des imprimantes du monde. Mais les erreurs allaient aussi s'additionner.

Folie techno

Hewlett-Packard a subi de plein fouet la transformation de l'industrie informatique, également à l'origine de la privatisation forcée de Dell et dont IBM ne sort pas indemne non plus. Mais une décennie d'erreurs a poussé les investisseurs à bout. L'entreprise de Palo Alto, en Californie, a notamment erré en mettant la main sur son principal rival, Compaq, en 2001, alors que l'arrivée des tablettes allait porter un coup fatal au marché des ordinateurs de table. Le rachat de l'entreprise de services informatiques EDS, en 2008, s'est aussi révélé désolant alors que les clients se détournaient des gros contrats de sous-traitance.

Série noire

Le parcours de Hewlett-Packard est aussi jonché de scandales. Selon les observateurs, la relation de Mark Hurd avec l'actrice de série B Jodie Fisher lui a coûté son poste de PDG. Si les accusations pour harcèlement sexuel en 2010 ont été abandonnées, les investigations l'ont néanmoins contraint de démissionner, sur la simple base d'une affaire de notes de frais. Quatre ans plus tôt, HP avait par ailleurs admis avoir embauché des enquêteurs privés pour espionner les membres de son propre conseil d'administration afin d'identifier la taupe qui livrait des informations à la presse.

Trouble en double

La situation était devenue critique: sur les 15 dernières années, la capitalisation boursière de HP a fondu des deux tiers. Avec deux sociétés distinctes, Hewlett-Packard espère gagner en souplesse et pouvoir s'adapter plus rapidement aux évolutions du marché. HP Inc., centrée sur la construction et la vente de PC et d'imprimantes, succède à Hewlett-Packard auprès du grand public. Le second groupe, Hewlett-Packard Enterprise, fournit aux entreprises des serveurs, des technologies de réseau et de stockage, et d'autres services.

Nouvelle sauce

La nouvelle structure «donne aux deux sociétés l'indépendance, le ciblage, les ressources financières et la flexibilité dont elles ont besoin pour s'adapter aux dynamiques des clients et des marchés», a promis Margaret Whitman, qui a pris la direction de Hewlett-Packard en 2011 après 10 ans à la tête du site de vente en ligne eBay. Elle devient présidente de HPE, et Dion Weisler, vice-président-directeur de l'activité Impression et Systèmes personnels du groupe, devient patron de HP Inc. Cette dernière société est un peu plus grosse en termes de chiffre d'affaires.

Avec ces deux nouvelles structures, le pari est désormais d'inverser quatre années de baisse des recettes. Les analystes misent surtout sur HP Inc. Le groupe ne devrait pas afficher une croissance fulgurante, mais l'activité PC peut encore générer pas mal d'argent. Le titre, dont le symbole boursier est HPQ, a gagné 13%, à 13,83$US, hier. La communauté financière est plus réservée quant à la possibilité de voir Hewlett-Packard Enterprise, cotée HPE, retrouver un peu de sa gloire perdue. L'action a perdu près de 2%, à 14,49$US, hier.