Microsoft (MSFT) fait face à de grands défis. Avec le lancement de Windows 10, aujourd'hui, le géant du logiciel doit d'abord faire oublier les erreurs de la version précédente du système d'exploitation et son échec à négocier le virage de l'informatique mobile. Mais les actionnaires se demandent surtout s'il parviendra éventuellement à les choyer après 15 années décevantes en Bourse.

L'entreprise fondée par Bill Gates en 1976 fait déjà partie des «vieilles» sociétés de la Silicon Valley, du point de vue des investisseurs. Cent dollars investis dans ses actions en juillet 2000 valent aujourd'hui... 139$. Dans ces conditions, le dividende annuel de près de 3% devient l'élément accrocheur.

Le titre a certes gagné un peu de tonus avec le marché vigoureux des dernières années. En cinq ans, il a augmenté de 76%. C'est mieux qu'IBM (+25%), une autre entreprise informatique de l'âge d'or, mais cela n'a rien à voir avec la croissance d'une jeune pousse comme Netflix (+650%). Apple, qui arrive peut-être à maturité avec ses 39 printemps elle aussi, affiche tout de même une croissance de 236% pour la période.

De fait, les affaires piétinent pour le premier éditeur de logiciels. Le chiffre d'affaires a augmenté de 7,7%, à 93,6 milliards US, pour l'exercice 2014-2015 qui vient de se terminer. Les bénéfices ont par contre diminué de moitié, à 12 milliards US, en raison principalement d'une dépréciation de 8 milliards US passée sur le fabricant de mobiles Nokia, filiale apparemment en voie d'abandon. La rentabilité elle-même a baissé de 40% à 30% en neuf ans.

L'entreprise fait face au déclin du marché des ordinateurs personnels, concurrencé par les tablettes. Les ventes de ses deux produits-phares, le système d'exploitation Windows et la suite de logiciels Office, s'érodent tandis que les autres produits connus, comme le moteur de recherche Bing ou les consoles de jeux Xbox, contribuent peu aux résultats du groupe.

Une fenêtre d'occasions

Daniel Ives, analyste chez FBR Capital Markets, croit toutefois que Windows 10 peut bouleverser l'industrie. Il a pleine confiance dans le plan d'affaires du troisième président de l'histoire de Microsoft, Satya Nadella. Celui-ci mise sur les appareils mobiles, l'infonuagique et les services (comme Apple) et s'appuie sur une audacieuse politique de gratuité massive pour gagner du marché.

Fait inédit dans l'histoire de l'éditeur, la nouvelle version du système d'exploitation est en effet gratuite pour tous les utilisateurs de Windows 7 ou de Windows 8 pendant un an. Cela représente les trois quarts de la base installée, ou 1,2 milliard d'utilisateurs.

«Quelle différence un nouveau président peut faire!», affirme l'analyste Norman Young, de Morningstar. Selon lui, en rendant aussi ses applications et services disponibles à travers les autres plateformes, Microsoft espère lier les utilisateurs à ses nouveaux services d'informatique en nuage. Cela «devrait aider à insuffler une nouvelle vie à des affaires moribondes, même si le succès est loin d'être certain», croit-il.

La recommandation

Microsoft gagne des partisans dans la communauté financière. La majorité des analystes financiers intéressés en recommandent aujourd'hui l'achat, alors qu'ils se contentaient de le «conserver» il y a un an. Daniel Ives, analyste chez FBR Capital Markets, a notamment une note de «surperformance de marché» pour l'action MSFT, soulignant qu'un multiple de 15 fois les profits attendus au terme du nouvel exercice paraît «raisonnable», compte tenu de la croissance des affaires et de l'amélioration de la rentabilité prévues pour l'entreprise, ainsi que de l'allure des titres semblables. Cela porterait de 45$US à 53$US le cours de l'action.