Bombardier a vu son action plonger pour atteindre un creux de 22 ans avant de reprendre du poil de la bête, mercredi, après qu'un important fabricant d'intérieurs de cabines eut fait état d'une baisse de la demande pour les avions d'affaires.

À la Bourse de Toronto, le titre de catégorie B de l'avionneur a dégringolé de 18 % en avant-midi, à 1,49 $, pour finalement clôturer à 1,69 $, en baisse de 10 cents, ou 5,59%. Au total, près de 34,2 millions d'actions ont été échangées, soit près de six fois plus que la moyenne quotidienne.

Jointe au téléphone, une porte-parole de Bombardier [[|ticker sym='t.bbd.b'|]] , Isabelle Rondeau, n'a pas voulu commenter.

«Nous ne commentons jamais le cours de l'action, a-t-elle affirmé. Il n'y a pas d'annonce aujourd'hui et nous dévoilerons nos résultats financiers jeudi prochain (le 30 juillet).»

Toutefois, selon David Tyerman, de Canaccord Genuity, les résultats inférieurs aux attentes et les commentaires du fabricant d'intérieurs de cabines d'avions B/E Aerospace (Nasdaq: BEAV) semblent avoir contribué à l'inquiétude des actionnaires de Bombardier.

«Certains ont peut-être tenté de transposer les résultats de B/E à Bombardier, a expliqué l'analyste, au cours d'un entretien téléphonique. Cela n'est pas vraiment une bonne idée, parce que les compagnies sont différentes.»

À maintes reprises lors d'une conférence téléphonique avec les analystes, la direction de B/E Aerospace a évoqué le ralentissement dans le secteur des avions d'affaires constaté surtout en Chine, en Russie ainsi qu'en Amérique Latine pour justifier ses résultats.

«Les compagnies du secteur de l'énergie et les gouvernements ont mis un frein aux dépenses, ce qui peut influencer négativement les ventes d'avions d'affaires», a expliqué le président directeur de B/E Aerospace, Amin Khoury.

L'entreprise établie en Floride - dont l'action a retraité de 12,19% pour clôturer à 47,60 $ US - a également rappelé que le programme du Learjet 85 de Bombardier avait été mis sur la glace indéfiniment.

Les dirigeants de B/E Aerospace ont également évoqué le retard des livraisons du nouvel avion d'affaires Global 7000/8000 - ce que l'entreprise québécoise refuse de confirmer même si les analystes s'attendent à ce scénario.

M. Tyerman a déjà indiqué qu'il tenait pour acquis que ces appareils connaîtraient un retard de deux ans et ne seraient livrés qu'en 2018 et 2019.

L'analyste croit aussi que la «négativité» entourant Bombardier pourrait tout simplement avoir incité certains investisseurs à se départir de leurs actions, voyant que le titre de l'avionneur reculait de nouveau de façon marquée.

«Il y a beaucoup d'investisseurs frustrés, a-t-il dit. Ça peut provoquer une spirale où un vendeur fait retraiter l'action et où des investisseurs contrariés décident également de vendre, ce qui fait constamment reculer le titre.»

Outre l'incertitude entourant le programme des Global 7000/8000, M. Tyerman a rappelé que Bombardier n'avait pas annoncé de nouvelles commandes pour son nouvel avion commercial CSeries, dont l'entrée en service est prévue en 2016.

«Il ne devrait pas y avoir de surprise sur le recul du cours de l'action, a observé l'analyste. Il y a beaucoup de négativité et rien n'indique que la situation va s'améliorer à court terme.»

L'avionneur avait annoncé en mai la mise à pied de 1750 employés, ainsi que le ralentissement de sa production d'avions Global 5000/6000 pour s'ajuster aux conditions de certains marchés comme l'Amérique latine, la Chine et la Russie.

L'action de Bombardier - qui avait atteint un sommet de 26,30 $ en 2000 - a reculé de façon marquée à quelques reprises au cours des dernières semaines.

Le 10 juillet dernier, un article de l'agence Bloomberg qui citait un responsable de Bombardier, lequel affirmait que le programme Global de l'avionneur faisait l'objet d'une «révision complète», incluant son calendrier de livraisons, avait fait plonger l'action à un niveau qui n'avait pas été vu depuis octobre 1993.