Valeant Pharmaceutical International talonne la Banque Toronto-Dominion au deuxième rang des plus grosses capitalisations de la Bourse de Toronto, derrière la Banque Royale. Voilà une ascension qui donne le vertige.

L'entreprise de Laval a touché hier un sommet de 300,48$ par action, portant sa capitalisation à 102,42 milliards de dollars, à la faveur de l'homologation aux États-Unis du Xifaxan, un médicament pour le syndrome du côlon irritable avec diarrhée. Entre-temps, l'action de la TD était en repli malgré d'excellents résultats financiers, sa valeur fondant à 102,44 milliards.

La plus importante entreprise pharmaceutique canadienne compte maintenant pour près de 4,7% de l'indice général S&P/TSX, que l'on considère souvent comme une vitrine sur les banques et les sociétés pétrolières. Elle compte de même pour 6,6% de l'indice plafonné S&P/TSX 60.

Valeant représente jusqu'à 9,0% de l'indice Jantzi Social, qui cible les émetteurs canadiens aux normes plus élevées en matière d'environnement et de conscience sociale. Le titre-vedette pèse lourd (8,0%) également dans la composition de l'indice des sociétés pharmaceutiques spécialisées dans le monde, tel que calculé par l'agence financière Bloomberg.

L'entreprise figure aussi, bien que dans des proportions plus modestes de quelques dixièmes de point de pourcentage, dans les grands indices mondiaux S&P International 700, FTSE des pays développés non européens et Bloomberg Word.

Top 5

L'importance prise par Valeant sur l'échiquier canadien comme international n'a rien d'étonnant. L'entreprise canadienne ambitionne de se joindre au top 5 de l'industrie pharmaceutique mondiale d'ici la fin de 2016.

Le président et chef de la direction, Michael Pearson, avait révélé son ambition de se joindre aux Pfizer et Roche de ce monde, au début de l'année dernière. La multinationale de Laval ne pesait encore que 41 milliards en Bourse, alors que le club sélect ouvrait ses portes à près de 150 milliards.

Le modèle de croissance de Valeant devait par contre faire l'objet de vives critiques suscitant de profondes inquiétudes lors de l'assaut sur Allergan. Le fabricant du traitement antirides Botox avait alors publiquement accusé son poursuivant de miser sur l'acquisition de brevets et la fermeture des laboratoires, à défaut de croissance interne. Le magazine américain Barrons avait aussi publié un reportage accablant.

Selon l'agence Bloomberg, citant des sources familières de la question, l'entreprise boulimique, par ailleurs très endettée, serait maintenant en négociation en vue de l'acquisition de l'égyptienne Amoun Pharmaceutical, afin de se renforcer dans les traitements humains et vétérinaires. La valeur de la transaction pourrait atteindre 800 millions.

La recommandation

La communauté financière est toujours de tout coeur avec Valeant, vedette boursière incontournable avec un gain de plus de 80% depuis le début de l'année. Dix-huit des vingt-trois analystes qui s'y intéressent en recommandent toujours l'achat, malgré son cours élevé. Ainsi, Chris Schott, de JP Morgan, applaudit le plan de développement «agressif» du groupe, son portefeuille diversifié et sa structure d'imposition «hautement favorable». Il s'inquiète cependant de la visibilité limitée des activités internationales, des difficultés d'intégration des dernières acquisitions et de la capacité de la direction à compléter d'autres acquisitions pour soutenir la croissance.