Le fournisseur montréalais de services musicaux Stingray prévoit récolter jusqu'à 156 millions de dollars en vendant des actions dans le cadre de son premier appel public à l'épargne.

L'entreprise dirigée par l'entrepreneur Eric Boyko entend vendre entre 19,2 et 21,8 millions d'actions à un prix qui se situe dans une fourchette de 5,50$ à 6,25$ l'unité, selon des documents relatifs à l'opération publiée en fin d'après-midi hier.

En émettant le maximum d'actions dans le haut de la fourchette de prix espérée et en tenant pour acquis que l'option de surallocation de 15% est exercée, le montant total du placement pourrait s'approcher de la barre des 160 millions pour ainsi donner une capitalisation boursière initiale supérieure à 300 millions à l'entreprise.

Le prospectus provisoire modifié révèle aussi qu'un dividende trimestriel de 3 cents par action sera initialement versé aux actionnaires.

Un placement privé est effectué en même temps que le premier appel public à l'épargne, ce qui permet de racheter certains investisseurs actuels, comme Novacap (totalement) et Telesystem (partiellement). Stingray a l'intention d'appliquer le produit net obtenu de l'inscription en Bourse au remboursement de dettes existantes.

Il y aura trois catégories d'actions, dont une catégorie d'actions à droit de vote multiple (10 voix chacune) qui permettra à Eric Boyko, qui a eu 45 ans à la fin de mars, de contrôler Stingray.

Les actions seront inscrites à la Bourse de Toronto sous le symbole RAY à la fin du mois ou au plus tard au début de juin.

Le road show de Stingray, qui vise à promouvoir les actions de l'entreprise auprès des investisseurs institutionnels, se déroule cette semaine et la semaine prochaine.

Montréal, Toronto et New York

Pour l'essentiel, cette opération marketing se déroule à Montréal, Toronto et New York. Pour soutenir la vente des titres, la haute direction fera valoir la croissance internationale de la société, ses revenus récurrents qui proviennent de contrats à long terme ayant un taux de renouvellement élevé, le bassin d'occasions repérées ainsi que la feuille de route des dirigeants.

Stingray fait aussi face à des défis. L'entreprise souligne elle-même que le secteur du divertissement audio et vidéo est un marché qui évolue rapidement, ce qui rend difficile l'évaluation de ses activités actuelles et de ses perspectives futures. La direction ajoute que ses activités sont largement tributaires des fournisseurs de télévision payante. «Les sommes qu'ils nous versent dépendent du nombre d'abonnés de la télévision payante», est-il mentionné.

Stingray, dont les activités sont essentiellement du «B2B» (commerce entre entreprises), est rentable. Selon le prospectus, le bénéfice d'exploitation affiche un taux de croissance annuel composé de près de 40% depuis 2008 et a atteint 27 millions l'an passé. Les revenus, qui montrent aussi un taux de croissance annuel composé d'environ 40% depuis 2008, se sont élevés à 71 millions l'année dernière.

110 millions d'abonnés

L'entreprise se positionne comme un consolidateur dans son secteur, ayant réalisé 18 acquisitions depuis sa création en 2007. Son effectif est de 225 employés.

Stingray, dont le siège social est situé dans le Vieux-Montréal, compte plus de 110 millions d'abonnés à ses services dans 111 pays. Les États-Unis représentent actuellement son principal marché avec environ 60 millions d'abonnés. L'entreprise possède notamment les chaînes Galaxie, Karaoke Channel et Concert TV.

Pour évaluer Stingray, les investisseurs pourront la comparer à des entreprises inscrites en Bourse comme Sirius XM, Viacom, Scripps Networks, Corus, Discovery ou DHX Media.

Stingray n'est pas la première société dirigée par Eric Boyko. Il a fait sa fortune au tournant des années 2000 avec eFundraising.com, une entreprise de commerce électronique. Le Montréalais a fondé Stingray il y a huit ans en compagnie d'Alexandre Taillefer, un autre millionnaire du web.

Chez Stingray, Eric Boyko est notamment appuyé par Jacques Ménard, président de BMO Groupe financier au Québec, et François-Charles Sirois, PDG de Telesystem, qui sont membres du conseil d'administration.