Hésitant entre la crainte d'une hausse prématurée des taux d'intérêt et celle d'une panne de croissance, Wall Street espère découvrir la semaine prochaine de bons chiffres de l'emploi, mais pas trop.

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Les cours boursiers à la fermeture:


TSX 15 339,77 / +115,25 (+0,76%)

Dow Jones 18 024,06 / +183,54 (+1,03%)

S&P 500 2 108,29 / +22,78 (+1,09%)

NASDAQ 5 005,39 / +63,97 (+1,29%)



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Au terme d'une semaine surtout marquée par l'essoufflement, où les investisseurs ont hésité à s'inquiéter de la croissance atone du premier trimestre ou à se réjouir de l'amélioration du moral des ménages, les indices se sont affichés en léger retrait.

Désormais, l'attention se concentre sur les chiffres officiels de l'emploi que communiquera le ministère du Travail le 8 mai, et qui devraient peser lourd dans l'évaluation de la conjoncture qui guidera la décision de la Réserve fédérale de normaliser des taux d'intérêt, au plus bas depuis plus de six ans.

Le marché table en moyenne sur la création de 225 000 emplois, et un taux de chômage à 5,4%. «Si les chiffres sont bien meilleurs que cela,  les investisseurs recommenceront à s'inquiéter d'une hausse des taux, peut-être dès juin», a expliqué Sam Stovall, chez Standard and Poor's Capital IQ.

Mais si les chiffres sont bien en deçà des attentes, alors «les investisseurs seront inquiets à l'idée que la récession guette», a-t-il ajouté.

Ils devraient chercher à se faire une idée dès mercredi avec les chiffres sur le secteur privé de la société de gestion des ressources humaines ADP.

D'autres indicateurs, comme les commandes industrielles lundi ou l'indice ISM d'activité dans les services mardi, devraient également aider à déchiffrer la conjoncture.

Mais les investisseurs estiment que la hausse des taux est déjà en marche, si ce n'est pour juin du moins avant la fin de l'année, au vu du communiqué du Comité de politique monétaire de la Fed publié le 29 avril, le jour même où le Produit intérieur brut est ressorti très inférieur aux attentes (à +0,2% au lieu de +1% attendu).

«La Fed a clairement fermé la porte à l'hiver, et considère que la partie molle (de la croissance annuelle) est terminée», a souligné Evariste Lefeuvre, chez Natixis.

La Fed a certes pris acte du ralentissement de la croissance cet hiver, mais en l'attribuant «à des facteurs temporaires».

Du côté des résultats d'entreprise, qui seront dominés par des groupes de médias et de divertissement, aucun géant de la cote ne devrait suffire à faire bouger les indices, à l'exception peut-être de Disney, membre du Dow Jones, qui fera le bilan de son activité de l'hiver mardi soir.

Mais, lundi dernier, les bonnes surprises annoncées par Apple, la plus grosse capitalisation boursière du monde, n'ont pas suffi à porter les indices malgré le bond de 33% de son bénéfice net et de 27% de son chiffre d'affaires, assorti d'une hausse du dividende.

Du coup globalement, «les investisseurs ont continué à délaisser les actions américaines», a noté Howard Silverblatt, chez S&P Dow Jones Indices, en soulignant que les Bourses du reste du monde vont mieux que celles des États-Unis, alors qu'il y a six mois c'était le contraire. En Europe cependant les Bourses de Paris et de Francfort ont affiché un reflux sur la semaine, alors que Londres s'est inscrit en hausse «On a une rotation depuis les marchés des actions américaines qui ont très fortement augmenté depuis 2010» vers les marchés européens, qui ont mis plus de temps à se redresser, a aussi noté M. Lefeuvre.

En tout état de cause, selon Tom Cahill, chez Ventura Wealth Management, «il est difficile d'imaginer la Bourse» battre de nouveaux records à très court terme, une semaine après que le Nasdaq s'est inscrit au plus haut depuis plus de quinze ans.

«Je suis plus préparé à de la volatilité qu'à une hausse sur les marchés la semaine prochaine», a-t-il dit.

En revanche, si la Grèce trouve un terrain d'entente avec ses créanciers la semaine prochaine, «cela pourrait être très stimulant pour le marché», a-t-il estimé.