Même si les attentes envers SNC-Lavalin (T.SNC) sont maintenant beaucoup moins élevées qu'elles l'étaient encore tout récemment, il est toujours difficile de savoir si les inquiétudes sont pleinement escomptées dans le titre ou si le repli est exagéré. Si bien que sur Bay Street, plusieurs observateurs se demandent si l'action du cabinet montréalais de génie-conseil est devenue un piège pour les investisseurs.

L'expression utilisée par les anglophones pour qualifier un titre qui semble bon marché parce qu'il se négocie à un faible multiple d'évaluation pendant longtemps est «value trap». On parle d'une trappe parce que le titre ne réussit jamais à prendre de la valeur malgré ce qui peut sembler un attrait, ce qui sème la confusion chez les investisseurs.

Le titre a de nouveau reculé au cours de la dernière semaine. Un repli de 7% a été enregistré jeudi après le dévoilement des résultats trimestriels, mais surtout en raison, semble-t-il, de la publication par la direction de prévisions décevantes pour les mois à venir.

Recul boursier

Le recul boursier est maintenant de près de 20% depuis un mois et d'environ 40% depuis le sommet atteint au mois d'août. Le titre est de retour au niveau où il était en 2012, lorsque Robert Card a été nommé PDG pour succéder à Pierre Duhaime, qui a été inculpé de fraude.

Le questionnement des investisseurs au sujet du titre de SNC est bien reflété par l'avis des analystes qui suivent les activités quotidiennes de l'entreprise. Sur les 14 avis recensés par Bloomberg, il y a 7 recommandations d'achat et 7 suggestions de conserver.

«Les discussions à savoir si l'action représente une valeur à détenir ou une trappe sont fréquentes», commente Maxim Sytchev, chez Dundee Capital Markets.

«Quand on accorde une valeur de 1,4 milliard à un carnet de commandes de 12,3 milliards, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Le marché attribue présentement très peu de valeur aux activités d'ingénierie et de construction de SNC-Lavalin.»

De l'avis de Bert Powell, de la BMO, il y a actuellement trop d'éléments encore inconnus à court terme pour se montrer positif, et c'est notamment pourquoi il vient de retirer sa recommandation d'achat.

Il souligne que puisque SNC détient une participation qui est minoritaire dans l'autoroute 407, sa vente est sujette à un accord avec les partenaires, ce qui amène une certaine incertitude entourant une transaction que la direction de la firme souhaite annoncer avant la fin de l'année.

Un autre facteur qui inquiète Bert Powell, c'est la possibilité de voir les accusations de fraude et de corruption déposées le mois dernier par la Gendarmerie royale du Canada contre l'entreprise ne pas se conclure par un règlement à l'amiable.

Cours cible

Bert Powell est d'ailleurs celui qui affiche le cours cible le moins élevé parmi tous les analystes qui suivent SNC. Sa cible sur 12 mois est de 40$, alors que la moyenne révisée après le repli boursier observé dans les derniers jours se situe maintenant à 47,36$.

Ceux qui gardent confiance soulignent que compte tenu des liquidités disponibles, la direction a plusieurs options à considérer. Les gestes à faire pourraient aller du versement d'un dividende exceptionnel à un rachat massif d'actions ou une acquisition.

Pour Benoît Poirier, de Desjardins, SNC continue d'offrir à ses actionnaires l'occasion de profiter de trois éléments qu'il qualifie de «game changers» potentiels: une équipe de gestionnaires qui a fait ses preuves en matière d'exécution de projets et de croissance organique, une croissance transformative par suite de l'intégration de Kentz et d'autres acquisitions à venir, ainsi qu'une alléchante occasion dans l'énergie nucléaire.