Quinze ans après l'éclatement de la bulle techno, l'indice général du marché électronique NASDAQ des valeurs technologiques américaines est en bonne voie de retrouver son sommet historique, à près de 5000 points. Entre-temps, bien des choses ont changé, à commencer par l'indice lui-même.

Actuellement aux alentours des 4726 points, le NASDAQ est à moins de 7 points de pourcentage de son record historique de 5048,62 points du 10 mars 2000. Il est presque certain que le sommet des années folles sera dépassé d'ici quelques mois, croit-on dans la communauté financière. C'est notamment la prédiction de l'analyste technique Ron Meisels, de la réputée firme montréalaise Phases &Cycles.

«Plusieurs croyaient qu'il faudrait attendre une éternité, ou à tout le moins que les poules aient des dents, avant que l'on revienne à ce niveau», rappelait récemment le chroniqueur boursier Matt Krantz, du USA Today. Il est vrai que l'on dit aussi à Wall Street que «dans un marché haussier, même les poulets peuvent voler».

En fait, 15 années, c'est pratiquement une éternité en placement. Même si beaucoup de chemin a été parcouru (plus de 300%, tout de même) par le NASDAQ depuis le creux de 2002 qui faisait suite à l'éclatement de la bulle, l'investisseur qui avait plongé dans le marché au pic de la vague haussière en est tout juste quitte pour retrouver sa mise, ce qui représente un énorme manque à gagner sur une aussi longue période. Il aurait plus que doublé son capital en investissant plutôt dans une simple obligation à long terme du gouvernement du Canada portant un intérêt de 5% (cela se trouvait encore à cette époque).

Cette fois, c'est bien différent

Le NASDAQ présente aujourd'hui un profil beaucoup plus sain que la première fois qu'il avait défoncé le cap des 5000 points. En 2000, le multiple des bénéfices futurs des entreprises cotées s'élevait à 1202 fois. Il n'est que de 20 actuellement. Et ce chiffre n'est pas si éloigné du multiple de 16 pour le Dow Jones des industrielles de la Bourse de New York.

L'indice du marché électronique compte par ailleurs plus de gros titres, plus stables, certains versant même des dividendes. Puisqu'il s'agit d'un indice pondéré, les géants comme Apple, Microsoft, Intel, Google et Facebook pèsent beaucoup plus que les quelques milliers d'autres composantes. Bien que toujours dominé par les technos, son profil est par ailleurs aussi plus diversifié.

Le NASDAQ ne compte plus en fait que 2574 titres (tous font partie de l'indice) contre 4715 au tournant du millénaire. Beaucoup des vedettes d'alors ont été fusionnées, ont fait faillite ou ont été privatisées. Qui se souvient de Pets.com ou de eToys? Lycos et Netscape?

LA RECOMMANDATION

Lors de l'éclatement de la bulle techno, Apple pesait peu dans le NASDAQ. Le baladeur numérique iPod allait bientôt faire son entrée dans le monde de la musique, mais l'iPhone et l'iPad n'existaient pas encore. Le géant de Cupertino, qui a progressé de 11 400%depuis octobre 2002, compte aujourd'hui pour près de 10%de l'indice global. Carl Simard, président de la société Medici Gestion de portefeuille stratégique, souligne comment «de nouveaux marchés géographiques jumelés à une gamme de produits élargie et un immense trésor de guerre qui ne cesse de grandir seront de puissants leviers pour alimenter la croissance de ses profits». Le titre s'échange à 13 fois les profits courus excluant l'encaisse, ce qui est trop faible, selon le stratège de Saint-Bruno qui voit une valeur intrinsèque supérieure à 130$US.