L'année 2015 est sous le signe du mouton, suivant le calendrier chinois. Symbole de paix, d'harmonie et de tranquillité, c'est aussi une bête souvent indécise et hésitante, voire désorientée. En ce qui concerne la Bourse jusqu'à maintenant cette année, on retiendra surtout la dernière caractéristique.

Les grands indices américains affichent leur pire performance depuis janvier 2014, au terme de ce premier mois de la nouvelle année du calendrier romain (l'année chinoise débute en fait à la mi-février). Le Dow Jones des industrielles de la Bourse de New York s'est fait tondre de 3,7%, à 17 165 points, tandis que l'indice élargi S&P 500 du marché américain a abandonné 3,1% de sa valeur et est repassé sous les 2000 points.

Le NASDAQ, l'indice américain des valeurs technologiques, s'est éloigné de son objectif de retrouver le seuil des 5000 points abandonné en 2000, avec une perte nette de 2,1%, à 4635, en dépit des bénéfices records des grandes vedettes de l'industrie annoncés cette semaine.

Au Canada, l'indice S&P/TSX, constitué pour le cinquième de titres liés à l'énergie, affiche malgré tout un léger gain de 0,3% pour le mois. Le fort rebond des mines et métaux, grandement amochés en 2014, a contrebalancé les pertes des sociétés pétrolières avec la chute du prix de leur ressource et celles des institutions financières prêteuses prises dans la tourmente. Le secteur de la santé donne aussi de bons signes vitaux.

Éloge de la volatilité

Signe du manque de conviction des investisseurs, les variations des cours boursiers sont deux fois plus marquées que l'an dernier, aux États-Unis à tout le moins. Le S&P 500 oscille ainsi en moyenne de 0,9% chaque séance depuis le début de l'année, comparativement à des écarts moyens de 0,5% en 2014. La séance d'hier, avec une chute de 1,5% du Dow, ne fait pas exception.

L'indice VIX américain, aussi appelé «l'indice de la peur», s'est ainsi retrouvé au-dessus de la barre des 20 points au cours de 11 des 21 dernières séances. C'est tout autant de fois que durant toute l'année dernière. Pour sa part, le VIX canadien a touché près de 25 points, un sommet en deux ans et demi, le 15 janvier dernier.

Il est inhabituel de voir le S&P 500 baigner ainsi dans le rouge en début d'année. Historiquement, le marché boursier a plutôt tendance à progresser en janvier avec l'affluence de liquidités en Bourse, ce qu'il est convenu d'appeler «l'effet janvier».

Il est encore plus rare de voir les petites capitalisations perdre à ce jeu saisonnier. Selon le Stock Trader's Almanach, elles ont surperformé les grandes valeurs en janvier 40 fois sur 43, entre 1953 et 1995, après avoir été jetés en pâture pour le fisc en décembre.

Or, le Russell 2000, qui regroupe autant de titres américains de petite capitalisation, a largué 3,3% depuis le début de l'année. Au Canada, l'indice composé de la Bourse de croissance TSX a baissé, mais de 0,3% seulement grâce à la bonne tenue des petites aurifères.

Le baromètre de janvier

Le premier mois de l'année est considéré comme un excellent baromètre du marché. «Si janvier est bon, l'année sera bonne», dit l'adage boursier. Cela tiendrait principalement du moral des consommateurs.

L'inverse est aussi vrai, apparemment. Selon le Stock Trader's Almanach, exception faite pour l'an dernier où la Bourse a très bien performé, tous les autres mauvais départs pour le S&P 500 depuis 1950 ont été suivis par un nouveau marché baissier ou sa poursuite, un marché atone ou une correction de 10%. Espérons que cette année débutée en mouton finira en lion!