Les six grandes banques canadiennes ont battu le marché encore une fois en 2014. La meilleure a même fait presque deux fois mieux que l'indice global de la Bourse de Toronto. Sur lesquelles faut-il miser en 2015 alors que le secteur est en solde? Apparemment, certaines combinaisons sont plus heureuses.

Le club des six a généré un rendement moyen plus que respectable de 13,5%, dividendes inclus, l'an dernier. Cela se compare à 10,5% pour les 250 titres du S&P/TSX. Une belle prime de rendement pour l'investisseur qui n'a pas vraiment pris de risque supérieur alors que l'économie et les affaires prospèrent.

L'analyste Tom MacKinnon, de BMO Marchés des capitaux, note que le rendement des banques a surpassé celui du marché dans 20 des 25 dernières années. L'écart historique moyen est même deux fois plus élevé que celui relevé l'an dernier, avec sept points de pourcentage de différence. «Une performance incroyable», de commenter l'analyste bancaire.

«Si vous avez été assez malin ou chanceux pour détenir la "bonne" banque chaque année depuis 2004, vous auriez un rendement annuel moyen de 22%», souligne Tom MacKinnon. En d'autres mots, 1000$ misés sur la meilleure d'elles chacune des 10 dernières années vaudraient 7304$ aujourd'hui avec la magie des taux d'intérêt composés.

La Banque de Montréal a été ce cheval gagnant en 2014 avec un rendement de 20,8% incluant un dividende qui rapporte actuellement 4%. La Scotia s'est avérée la pire monture avec un rendement de 3,7%, son dividende de 4,2% contrebalançant son léger recul boursier. La Toronto-Dominion, donnée comme favorite par le choeur des analystes à l'aube de 2014 et encore aujourd'hui, est dans la moyenne.

Pour la nouvelle année, les paris sont ouverts. L'analyste de BMO propose trois approches quantitatives, certaines contradictoires.

1- L'approche «momentum»

Il s'agit ici de miser plus d'argent sur les trois titres-vedettes de l'année précédente et d'en mettre moins dans les trois traînards. Rétroactivement, cela aurait réduit le rendement annuel du portefeuille bancaire de deux points de pourcentage, depuis 2004. Pour la nouvelle année, cela voudrait dire de rempiler sur la Banque de Montréal, la Nationale et la Royale, mais de désinvestir dans la Scotia, la TD et la CIBC.

2- Le retour à la moyenne (mean reversion) avec un panier de titres

En surpondérant les trois pires titres bancaires de l'année précédente au détriment des trois meilleurs, le rendement rétroactif du portefeuille depuis 2004 est tout au contraire bonifié de deux points de pourcentage par an. Suivant cette stratégie à contre-courant, il faudrait investir davantage dans la Scotia, la TD et la CIBC et moins dans la Banque de Montréal, la Nationale et la Royale.

3- Le retour à la moyenne avec un seul titre

En surpondérant le pire titre bancaire de l'année précédente et en réduisant l'importance du meilleur, le rendement rétroactif du portefeuille gagne jusqu'à six points de pourcentage par an. Pour 2015, cela favoriserait la Scotia à l'encontre de la Banque de Montréal.

Quoi qu'il en soit, rappelez-vous que «la banque gagne toujours».

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LA PERFORMANCE RELATIVE DES BANQUES

[Années de rendement supérieur | Surperformance moyenne]

Depuis 2010 : 4 sur 5 | 4,7%

Depuis 2005 : 8 sur 10 | 4,0%

Depuis 2000 : 13 sur 15 | 7,5%

Depuis 1995 : 17 sur 20 | 7,5%

Depuis 1990 : 20 sur 25 | 7,0%

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LES DIVIDENDES DES BANQUES

[Banque | Rendement | Croissance en 5 ans]

Royale | 3,9% | 7,3%

Toronto-Dominion | 3,6% | 9,0%

Scotia | 4,2% | 5,8%

Banque de Montréal | 4,0% | 1,9%

CIBC | 4,3% | 2,9%

Nationale | 4,3% | 9,1%