Le marché déteste l'instabilité, et l'incapacité du pétrole à trouver le fond du baril s'est fait lourdement sentir en Bourse, hier, jusqu'à saloper «l'effet janvier».

Le Dow Jones des industrielles de la Bourse de New York a lâché plus de 331 points, à 17 502, tandis que l'indice élargi S&P 500 du marché américain chutait de 1,8%, à 2021, hier après le départ sans conviction du 2 janvier. Au Canada, l'indice S&P/TSX, constitué pour le cinquième de titres liés à l'énergie, a plus qu'effacé les quelques gains de vendredi avec une chute de près de 2,5%.

Il est inhabituel de voir le S&P 500 baigner ainsi dans le rouge au tournant d'une année. La dernière fois, c'était en 2008, période qui a vu l'indice américain s'affaisser de 39%. Mais la moyenne est plus rassurante: le marché a tout de même été positif sept des dix fois où cela est arrivé depuis 1980.

Historiquement, le marché boursier a plutôt tendance à progresser en janvier. Phénomène saisonnier bien connu des négociateurs professionnels et solidement documenté par le Journal of Finance, «l'effet de janvier» vient de l'affluence de liquidités en Bourse.

Il s'agit principalement de l'impact des sommes réinvesties par les investisseurs qui se sont délestés de leurs positions perdantes à des fins fiscales en fin d'année. Les gestionnaires de fonds communs apportent également de l'eau au moulin de janvier avec le produit de la vente de leurs moins bons placements, aussi liquidés en décembre, pour bien paraître dans leurs rapports annuels et prospectus. S'ajoutent les primes, bonis et dividendes annuels que de nombreux cadres, salariés et investisseurs reçoivent en décembre, une véritable manne à investir.

Le baromètre de janvier

Le premier mois de l'année s'avère par ailleurs un excellent baromètre du marché. «Si janvier est bon, l'année sera bonne», dit l'adage boursier. C'est ainsi que le rendement moyen en Bourse entre février et décembre a été significativement plus élevé après une performance positive en janvier 86% du temps depuis 1940. Cela tiendrait principalement du moral des consommateurs.

Les cinq premières séances de l'année sont particulièrement critiques pour la suite des choses. Selon le Stock Trader's Almanach, 34 des 40 dernières occurrences positives de début d'année ont aussi fini avec des gains cumulatifs, soit un taux de prévisibilité de près de 85%. En fait, quatre des cinq années d'exception s'expliquent par des scénarios de guerre, comme l'essor des dépenses militaires au Vietnam qui faussa la donne au début de l'année 1966. L'autre faille remonte à la plate année boursière de 1994.

En 2013, le bond de près de 2% du Dow Jones des industrielles de la Bourse de New York entre le 2 au 8 janvier à la suite des arrangements américains pour éviter le «mur fiscal» a effectivement donné lieu à un gain de près de 26% pour l'année entière, sa meilleure performance annuelle depuis 1996. La Bourse a par ailleurs très bien fait l'an dernier malgré un départ chaotique.

Goldman Sachs prévoit une correction probable des marchés dans les six prochaines semaines. Dans une note du jour, le stratège en chef de l'influente banque américaine, David Kostin, s'inquiète de «l'optimisme excessif des investisseurs», notamment aux États-Unis. L'indice de la firme mesurant la confiance des investisseurs professionnels est actuellement logé à 100, son niveau maximum. Cela suggère, selon le stratège, un risque de correction à court terme. Goldman Sachs voit le S&P 500 à 2100 points d'ici la fin de l'année, soit un rendement d'environ 4% en tenant compte des dividendes.