L'almanach était formel: le mois de décembre devait clôturer l'année en beauté. Statistiquement, c'est le mois de l'année le plus payant sur le marché boursier américain depuis 1950 et la Bourse canadienne s'est appréciée neuf fois sur dix en cette occasion depuis le début du siècle.

Pourtant, jusqu'à la mi-décembre, il y avait lieu d'être sceptique. La Bourse américaine était en correction, et le marché canadien était tourmenté par un krach pétrolier aussi brutal qu'inattendu qui a effacé presque tous ses gains depuis le début de l'année.

Les oracles ont toutefois eu raison. Le traditionnel «rallye du père Noël» a poussé les indices boursiers nord-américains à des niveaux inespérés, voire à des records pour nos amis américains. Même que les «trois sorcières» sont restées bien sages le vendredi 19 décembre, jour critique d'échéances d'options et de produits à terme.

L'indice S&P 500 des plus grandes sociétés américaines a même enchaîné quatre records historiques en clôture depuis le creux du 16 décembre (il a en fait repoussé son sommet une cinquantaine de fois cette année). Le S&P/TSX de la Bourse de Toronto affiche pour sa part un gain de près de 7% sur les deux dernières semaines. Les marchés étaient en retrait hier.

Champagne!

Avec seulement une séance à venir avant la fin de l'exercice boursier de 2014, le champagne s'impose déjà pour les investisseurs, même si les chiffres sont moins spectaculaires que l'an dernier. L'indice S&P 500 a progressé de près de 13% (30% en 2013) et le traditionnel Dow Jones des industrielles de la Bourse de New York, de près de 9% (27% l'an dernier). L'indice du marché électronique américain NASDAQ à forte teneur technologique, en hausse de 14% (38% en 2013), n'est plus qu'à 6 points de pourcentage de son pic de l'an 2000.

Fait à noter, le marché américain n'a jamais été négatif plus de trois séances d'affilée, cette année - du jamais vu depuis que la firme S&P Dow Jones tient le compte. Du côté de la Bourse de Toronto, deux mauvaises séquences de quatre séances baissières consécutives sont malencontreusement survenues cet automne.

Fortement pondérée dans le secteur des ressources, la Bourse canadienne a généralement obtenu de moins bons résultats que le marché américain en 2014. La hausse cumulative est de moins de 8% (10% en 2013). En excluant les titres de ressources, on obtient néanmoins un rendement approchant celui des 500 valeurs vedettes américaines. L'indice Morningstar Banque Nationale consacré aux valeurs québécoises soutient par ailleurs très bien la comparaison, avec un gain de plus de 20%.

Tout cela est inespéré quand on pense à tous les événements qui se sont produits cette année: les guerres avec l'Ukraine et le Moyen-Orient, le ralentissement économique de pays émergents comme la Chine ou en déroute comme la Russie et - surtout - la fermeture du robinet de liquidités de la Réserve fédérale américaine. Le pire était à craindre après cinq ans d'arrosage des marchés par la Fed. Et pourtant.

Le cinq magique

Pour ce qui est de 2015, l'almanach est très positif pour toutes les années qui se terminent par le chiffre 5. Historiquement, il n'y a eu qu'une seule exception depuis 1885: c'était en 2005, quand le Dow Jones a cédé un point de pourcentage (le S&P 500 était toutefois positif). Sinon, les années 1885, 1895, 1905 et ainsi de suite ont généré des rendements étonnants de 28% en moyenne.

Ce n'est pas qu'anecdotique. Selon le Stock Trader's Almanac, la moitié des cas correspondent aux années qui ont suivi les élections de mi-mandat, qui ont lieu tous les quatre ans aux États-Unis. Ces années, comme 2015, sont traditionnellement les plus favorables aux investisseurs. L'explication pour l'autre moitié des occasions reste toutefois à trouver.

Les grands stratèges boursiers, avec toute leur science, confirment par ailleurs ce pronostic optimiste pour la nouvelle année. Au-delà de l'almanach, on peut toujours compter sur la bienveillance des autorités monétaires et la vitalité des entreprises - et maintenant sur l'impact économique des bas prix du pétrole - pour assurer une septième année haussière consécutive en Bourse.

Bonne et prospère année!

Gagnants et perdants à la Bourse canadienne

De grands écarts séparent les gagnants des perdants, en Bourse. Voici les 10 meilleures performances et les 10 pires des 250 titres composant l'indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto, en date du 26 décembre.



LES PLUS FORTES HAUSSES



1- Amaya, +255%

De loin le titre-vedette de 2014, Amaya est parti de moins de 5,61$ pour atteindre jusqu'à 39,25$ en novembre à la suite de l'acquisition de Rational Group, l'exploitant des sites PokerStars et Full Tilt Poker. Le titre s'est replié à un peu plus de 28$ après que l'Autorité des marchés financiers (AMF) a lancé une enquête sur les transactions boursières précédant l'acquisition.



2- Sierra Wireless, +114%


L'action de Sierra Wireless a plus que doublé de valeur cette année. Les résultats financiers de l'entreprise de Colombie-Britannique, qui se spécialise dans les solutions intelligentes dans le sans-fil, ont impressionné les analystes financiers. Les prévisions de la direction pour les mois à venir ont aussi épaté le marché.



3- Detour Gold, +104%


Un titre aurifère se distingue cette année malgré la baisse des prix des ressources: Detour Gold a plus que doublé de valeur en cette deuxième année d'exploitation de la super mine Detour Lake, au nord-est de Cochrane, en Ontario. L'analyste Richard Gray, de Cormark, estime qu'il s'agit du «titre ultime en récompense du risque dans le secteur minier».



4- Alimentation Couche-Tard, +78%


Alimentation Couche-Tard a fait sonner la caisse avec un gain appréciable en Bourse cette année encore. Le géant des dépanneurs, qui a bien digéré l'achat des établissements Statoil en Europe, s'offre maintenant The Pantry aux États-Unis. Le titre, qui a été fractionné par trois au printemps, a établi un nouveau sommet historique il y a deux semaines.



5- DHX Media, +73%


Le titre du DHX Media fraye avec les sommets. Les investisseurs ont applaudi à l'acquisition de l'entreprise Nerd Corps, de Vancouver, pour 57 millions, au début du mois. La transaction permet au producteur de contenu pour enfants de bonifier son offre dans le dessin animé. Il y a deux ans, DHX Media avait acheté Cookie Jar, qui détenait les actifs de Cinar.

6- Enbridge Income Fund +65%

7- Fortuna Silver Mines +64%

8- Linamar +63%

9- CCL Industries +60%

10- Interfor +58%

LES PLUS FORTES BAISSES



1- Lighstream Resources, -79%


La petite société pétrolière de Calgary rapporte près de 40% en dividendes, mais ne vous y fiez pas. Ceux-ci ont été coupés de moitié au milieu du mois, comme le craignaient les investisseurs avec la chute du prix du brut depuis l'automne.



2- Penn West Petroleum, -71%


Penn West fait partie des pétrolières qui ont revu leurs dépenses à la baisse à cause de la chute des cours des hydrocarbures. L'entreprise albertaine a réduit son budget d'investissement de 26% et a amputé son dividende aux actionnaires de 14 à 3 cents.



3- Trilogy Energy, -70%


L'action de Trilogy Energy a chuté d'un sommet de 32,30$, en avril, jusqu'à 7,41$, le 12 décembre, avant de se redresser à près de 8$ ces derniers jours. La pétrolière de Calgary a aussi suspendu son dividende «compte tenu de l'environnement du marché actuel».



4- Legacy Oil + Gaz, -65%


Société parmi les plus performantes de l'indice canadien de 2008 jusqu'au milieu de 2014, Legacy Oil + Gaz a été retirée de l'indice des titres à petite capitalisation S&P/TSX à la suite de l'analyse annuelle de l'indice, en septembre. Cela a amoindri la plongée en Bourse de la pétrolière albertaine.



5- Athabasca Oil, -60%


Athabasca Oil est passée d'un sommet de 8,84$ en février à un creux de 2,02$ à la mi-décembre. La société pétrolière de Calgary a vendu sa participation de 40% dans le projet de sables bitumineux Dover. La filiale canadienne de PetroChina s'en est portée acquéreur pour 1,2 milliard.

6- Pacific Rubiales Energy -59%

7- Canexus -56%

8- Trican Well Services -56%

9- Black Diamond Group -56%

10- Baytex -52%

Dix grands moments en bourse cette année

31 janvier

Première séance, première semaine et premier mois négatifs. L'année commence mal avec le contrecoup de la chute des marchés émergents sur les Bourses canadiennes comme américaines.

28 février

Le marché boursier nord-américain devient plus hésitant tandis que résonnent les bruits de bottes en Crimée et que l'Ukraine, en proie à une grave crise politique, se trouve au bord d'un gouffre financier.

9 mars

Le marché haussier a cinq ans. Depuis le creux de mars 2009, le S&P 500 a déjà progressé de 172,7% et le S&P/TSX a presque doublé (90,4%). Et ce n'est pas fini.

23 juillet

L'indice général S&P/TSX de la Bourse de Toronto marque un nouveau record alors que les pétrolières s'enflamment et que le prix du baril de pétrole culmine à 107$US. Ce même jour, Talisman Energy reconnaît qu'elle est convoitée par le géant espagnol Repsol.

3 septembre

Le TSX torontois termine la séance à 15 657,63, un nouveau sommet en clôture, les marchés espérant qu'un cessez-le-feu en Ukraine perdure. Le gain est de 15,2% depuis le début de l'année.

15 octobre

L'indice de volatilité VIX de la Bourse américaine, aussi appelé «indice de la peur», atteint un sommet en deux ans devant les craintes liées à l'Ebola, le groupe État islamique et le ralentissement de l'économie chinoise.

31 octobre

C'est la surprise de l'Halloween. La Banque du Japon augmente ses achats d'actifs, laissant augurer un nouvel afflux de liquidités sur des marchés financiers confrontés au tarissement de la banque centrale américaine. Le passage du bâton soulève l'enthousiasme des marchés nord-américains.

27 novembre

Le TSX culbute de plus de 100 points, tiré par les titres du secteur de l'énergie et le plongeon du cours du pétrole sous la barre des 70$US le baril après la décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole de maintenir sa production.

3 décembre

Cinquantième record historique pour le S&P 500 depuis le début de l'année. Les investisseurs plébiscitent les États-Unis, sa monnaie et ses marchés boursiers.

17 décembre

La Bourse de Toronto bondit de plus de 300 points, sa meilleure performance en un seul jour depuis novembre 2011. Les investisseurs applaudissent les déclarations de la Réserve fédérale des États-Unis sur les taux d'intérêt.