C'est le temps de l'année où les stratèges financiers polissent leur boule de cristal afin d'aider les investisseurs à placer leur mise sur les titres les plus prometteurs pour la nouvelle année. Mais en investissement, il n'y a pas de certitudes et les projections, généralement optimistes, de ces experts peuvent aussi bien aller de travers.

Nous avons donc remonté le temps pour une épreuve des faits. Avec la nette remontée des marchés boursiers, un grand nombre de ces prévisions se sont avérées exactes, mais comme on peut s'y attendre, il y a aussi eu quelques errements.

Voici quelques citations choisies de prévisionnistes en vue et ce qu'il en fut.

À propos du Dow Jones

«Sur la base des évaluations fondamentales, le moment semble presque parfait pour investir dans le marché boursier. En fait, je vais oser prédire que dans les cinq prochaines années, la moyenne industrielle Dow Jones atteindra au moins 17 000.»

- François Rochon, président de Giverny Capital, dans le journal The Gazette du 30 août 2011

RÉALITÉ: À cette époque, les investisseurs s'inquiétaient pour l'économie grecque et le sort de l'Europe, et le Dow Jones des industrielles se butait à 11 500 points. Peu de stratèges imaginaient qu'il allait gagner près de 50% pour toucher les 17 000 points l'été dernier. Le fondateur de Giverny entrevoit maintenant une fourchette de 21 441 à 26 705 d'ici 2019 pour l'indice phare de la Bourse de New York.

À propos de l'or

«Quand l'or descend à ces niveaux [autour de 1200$US], nous avons vu la demande bondir, particulièrement en Asie... Cela aide à construire un bon plancher.»

- Chuck Jeannes, président de Goldcorp, en entrevue à Bloomberg, le 30 octobre

RÉALITÉ: L'or a effrontément défoncé son plancher ce même jour et a poursuivi sa descente jusqu'à 1132$US le 6 novembre. Force est de constater cependant que le prix du métal précieux s'est rétabli depuis autour de la barre des 1200$US qui s'avère un bon niveau de résistance à la baisse.

À propos du pétrole

«La rencontre de Vienne sera un élément clé de la direction que prendra le marché pétrolier sur la deuxième moitié de l'année. Je ne parle en rien du sommet de l'OPEP [Organisation des pays exportateurs de pétrole], mais bien de la rencontre de la semaine prochaine entre l'Iran et le Conseil de sécurité de l'ONU.»

- Olivier Jakob, responsable du bureau de recherche Petromatrix, dans sa lettre financière du 11 juin

RÉALITÉ: Bien peu d'analystes peuvent se vanter d'avoir prévu le krach pétrolier. L'expert suisse, qui se voulait ironique, envisageait un prix de 75$US pour le baril de West Texas Intermédiaire (WTI) au début de l'été quand tout le monde semblait s'accommoder d'un prix de 110$US. Le seuil critique a été fracassé à la mi-novembre et le brut a poursuivi sa désescalade jusqu'à moins de 60$US après que l'OPEP ait confirmé ses quotas de production.

À propos de Bombardier

«Nul doute que le rythme accélérera, mais en raison de la lenteur observée jusqu'ici, il est plus réaliste de s'attendre à ce que l'entrée en service survienne au printemps ou même à l'été 2015.»

- Cameron Doerksen, de la Banque Nationale, dans un rapport d'étape cité dans nos pages le 9 janvier

RÉALITÉ: Quelques semaines plus tard, Bombardier reportait la mise en service du CS100 de septembre 2014 à la «seconde moitié de 2015». Rappelons qu'au moment du lancement de la CSeries, en 2008, la première livraison était prévue pour 2013.

À propos de BlackBerry

«Note à Wall Street: Changez votre état d'esprit [concernant BlackBerry] et mettez un nouvel analyste au boulot avant que vous ne manquiez une réelle occasion.»

- Andrew Left, Citron Research, rapport de recherche en date du 17 janvier

RÉALITÉ: Bien vu, car l'entreprise ontarienne s'avère une affaire des plus juteuses en Bourse cette année avec un gain de plus de 57% à date pour une valeur de plus de 12$ l'action. Fait rare, le site d'analyse boursière Citron Research, qui se spécialise dans la démolition de titres, misait sur une valeur de 15$ par action alors que le titre ne valait encore que 8$ pièce.

À propos d'Osisko

«Avec Canadian Malartic pour pierre angulaire, un portefeuille de royautés plus que probables dans des régions géopolitiquement stables, un solide bilan et le différentiel de valorisation, Osisko pourrait de nouveau être l'objet d'une prise de contrôle.»

- Dan Rollins, de RBC Marchés des Capitaux, dans un rapport de recherche rapporté dans nos pages, le 7 juin

RÉALITÉ: L'expert minier de RBC n'excluait pas que le nouveau fonds de revenus essaimé de la Corporation minière Osisko puisse être impliqué dans une offre publique d'achat (OPA). Seule erreur: il voyait plus Osisko comme cible d'OPA que comme prédateur. L'entreprise montréalaise devrait bientôt fusionner avec Virginia.