Pour conquérir le monde, il faut être un lève-tôt ou... Couche-Tard. La multinationale de Laval termine une autre année fructueuse pour ses actionnaires. Et pour bien faire, le titre de la grande chaîne de dépanneurs venait avec un rabais de 5%, hier. Mais est-il trop tôt ou trop tard pour acheter des actions de Couche-Tard?

Les actions subalternes d'Alimentation Couche-Tard ont vu de fortes variations ces dernières séances. De forts volumes ont accompagné les fortes hausses enregistrées, ce qui suggère que les investisseurs institutionnels, comme les caisses de retraite et les fonds communs, étaient à l'oeuvre pour habiller leur bilan annuel avec ce titre en vogue («window dressing»).

Cela a commencé par un bond de 4,1%, lundi de la semaine dernière, à l'occasion de son inclusion à l'indice S&P/TSX 60. Les investisseurs qui reproduisent les indices, comme les gestionnaires de fonds indiciels, se devaient dès lors d'acheter des actions de l'entreprise pour agencer leur portefeuille.

Un autre bond, de 8,6% celui-ci, est survenu jeudi avec l'annonce de l'acquisition de The Pantry dans le cadre d'une transaction au comptant d'environ 1,7 milliard US en tenant compte de la dette assumée. La manoeuvre américaine a été applaudie par la communauté financière.

Un autre gain de 6,2% a suivi vendredi qui a porté l'action à un sommet historique de 49,08$. Le gain depuis le début de l'année cumulait près de 75%. N'eut été du fractionnement trois pour un survenu en avril dernier (c'était après avoir plus que triplé de valeur en cinq ans), ATD-B vaudrait près de 150$ pièce.

Mais, c'était peut-être exagéré. Hier, le titre a retraité à 46,84$, une chute de 2,24$ ou 4,6% par rapport au pic de vendredi, alors que les experts refaisaient leurs calculs à la lumière des récents développements, mais aussi des dernières valorisations transcendantes.

Barclays perd confiance

L'analyste James Durand, de la firme Barclays, a ainsi retiré sa recommandation d'achat sur Couche-Tard, hier. Il s'en tient maintenant à une «pondération sectorielle» pour le commerçant lavallois. Il voit le titre à seulement 40$ sur un horizon de 12 mois, ce qui est moins que sa valeur actuelle.

Les spécialistes du commerce de détail Martin Landry, de GMP Valeurs mobilières, Peter Sklar, de BMO Marchés des capitaux, et Vishal Shreedhar, de la Financière Banque Nationale ont pour leur part renouvelé leur recommandation d'achat sur Couche-Tard tandis que Michael Van Aelst, de TD Valeurs mobilières, le reportait sur sa liste de titres chouchous, la semaine dernière.

Plusieurs analystes ont par ailleurs haussé leur cible pour refléter la forte appréciation du titre ces dernières séances. Derek Dley, de Canaccord Genuity, a notamment porté sa prévision, de 45 à 52$, vendredi. En moyenne, le choeur des analystes table sur une valeur de 49,25$ en 2015, ce qui laisse un rendement potentiel d'environ 5%, par rapport au prix de fermeture, hier.

Le cours actuel d'Alimentation Couche-Tard représente 25 fois les profits courus des quatre derniers trimestres ou 22 fois les bénéfices attendus par la communauté financière, selon le dernier relevé de l'agence Bloomberg. Il s'agit de ratios élevés, mais pas pour les commerces de détail en croissance. Le rendement en dividende, de 0,4%, demeure par ailleurs marginal et ne saurait protéger le titre d'un recul.

L'empire d'Alain Bouchard vaut maintenant 26,5 milliards en Bourse. Le fondateur et président du conseil pèse lui-même aujourd'hui plus de 3 milliards.