Une mesure de déréglementation financière glissée dans une loi de finances de 1603 pages rendue publique mardi au Congrès américain a déclenché une révolte des démocrates, alors qu'il reste très peu de temps pour éviter une crise budgétaire.

Le Congrès doit impérativement voter d'ici jeudi pour financer l'État fédéral. Un texte négocié depuis des mois entre démocrates et républicains a été finalisé mardi soir. La loi définit l'ensemble des dépenses fédérales jusqu'au 30 septembre 2015.

Ce type de méga-lois, négociées en coulisses par les parlementaires et publiées au dernier moment, est l'occasion d'une myriade de compromis, et les hordes de lobbyistes usent de leur influence pour insérer des articles favorables.

Pour accélérer le processus, les élus ne sont pas appelés à voter sur chaque amendement, mais uniquement sur le texte final, qui est à prendre ou à laisser. Un rejet risquerait de déclencher une fermeture des administrations fédérales («shutdown»).

À l'approche de la date-butoir de jeudi, le Congrès devrait se résoudre à voter une extension de quelques jours avant de se prononcer sur la loi de finances. Le calendrier n'a pas été fixé.

Parmi les centaines d'articles controversés, l'un a particulièrement fait bondir les démocrates, qui ont sonné la charge mercredi pour faire échouer la loi de finances.

Il s'agit d'une mesure qui annulerait une disposition de la loi de réforme financière dite Dodd-Frank, adoptée en 2010, seconde grande réforme du premier mandat de Barack Obama avec la santé.

Les institutions financières sont aujourd'hui forcées de séparer certaines de leurs transactions sur les produits dérivés (notamment les «credit default swaps», CDS) dans des entités distinctes, non assurées par l'institution qui assure les fonds des banques commerciales, la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC). C'est cette réglementation que la Chambre affaiblirait.

«La Chambre est sur le point de voter sur un compromis budgétaire négocié à huis clos et où s'est glissé une mesure qui permettraient aux traders de produits dérivés à Wall Street de jouer avec l'argent du contribuable et de se faire renflouer par l'État quand leurs paris risqués menacent de faire s'écrouler le système financier», a dénoncé la sénatrice Elizabeth Warren, bête noire de Wall Street.

Selon le New York Times, les lobbyistes de la banque Citigroup sont les coauteurs de l'amendement. «Les Américains ne nous ont pas élus pour défendre Citigroup», a tonné Elizabeth Warren, dans un discours au Sénat.

Citigroup, sollicitée par l'AFP, n'a pas souhaité faire de commentaire.