Le pétrole a continué de contaminer le secteur bancaire en Bourse, hier, même si le prix du brut se stabilisait et que les chasseurs d'aubaines soutenaient les cours des producteurs.

Les banques canadiennes ont perdu près de 2% de leur valeur boursière au cours des deux dernières séances, après avoir chuté d'environ 5% la semaine dernière dans la foulée de résultats financiers en deçà des hautes attentes de la communauté financière.

Les banques sont maintenant ciblées pour leur participation au financement de l'exploration et de la production coûteuse de pétrole et de gaz de schiste. Mais la baisse des prix du brut aura probablement plus d'impact sur les services bancaires d'investissement.

«Bien qu'une période prolongée de faiblesse des prix de l'énergie affectera certainement la qualité du crédit des pétrolières, ce portefeuille de prêts n'est pas assez important pour avoir un impact significatif sur les créances ou les taux de croissance», écrit l'analyste Sumit Malhotra, de Scotia Capital, dans un rapport de recherche consacré à l'exposition des grandes banques canadiennes au pétrole.

La Banque Scotia n'avait d'ailleurs pas perdu un cent avec les sociétés pétrolières quand le brut ne valait encore que 40$US, en 2009, a rappelé le responsable des prêts à risque de l'institution financière torontoise, Stephen Hart, au cours d'une conférence téléphonique avec les analystes de l'industrie bancaire, la semaine dernière.

Les mystères de l'Ouest

La Banque Nationale est la plus concernée parmi les grandes banques canadiennes avec 3,2% de ses prêts totaux accordés à des entreprises du secteur énergétique, comparativement à 1,9% en moyenne pour le groupe. La banque montréalaise avait d'ailleurs tenu son assemblée annuelle des actionnaires à Calgary, métropole d'affaires de l'Ouest canadien, dans le cadre d'une opération charme en avril dernier.

L'analyste Darko Mihelic, de RBC Marchés des capitaux, note toutefois que «la Nationale n'est pas aussi pétrole qu'il n'y paraît». Il se dit d'ailleurs surpris par le faible apport (moins de 3%) du secteur du pétrole et du gaz à ses activités de banque d'affaires. L'analyste prévoit une baisse de 2% de ces revenus d'appoint l'an prochain.

Du jamais-vu

Les services bancaires d'investissement sont plus compromis que la qualité des prêts par les difficultés des sociétés d'exploration et de production de pétrole ou de gaz, insiste d'ailleurs Sumit Malhotra, de Scotia Capital. Près du tiers des revenus de souscription de l'industrie bancaire depuis le début de l'année vient du secteur de l'énergie. Du jamais-vu.

«Même si les activités des banques sur les marchés des capitaux sont plus diversifiées que celles des courtiers indépendants, la faiblesse des prix du pétrole se fera rapidement sentir sur la volonté et la capacité des émetteurs à venir sur le marché», affirme l'expert de la Scotia.

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La recommandation

La Canadian Western Bank est l'institution financière la plus sujette à souffrir des bas prix du pétrole, estime Sumit Malhotra, de Scotia Capital. Même si les prêts directs à l'industrie pétrolière représentent seulement 2% de son portefeuille, le financement d'équipements, des besoins commerciaux, de l'immobilier et, dans une certaine mesure, des prêts à la consommation est tributaire de la vigueur économique dans l'Ouest canadien, note l'analyste. Selon lui, le titre est encore surévalué par rapport à ses pairs malgré un recul de près de 28% depuis son sommet d'août.

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Part des prêts accordés au secteur de l'énergie



> Banque Nationale 3,2%

> Banque Scotia 2,8%

> Banque Royale 2,1%

> Canadian Western Bank 2,0%

> Banque de Montréal 1,8%

> CIBC 1,8%

> Banque Toronto- Dominion 0,7%

Source: Banque Scotia