Il y a des moments où une bonne idée vaut son pesant d'or. Le projet de fusion entre Mines Virginia (T.VGQ) et Redevances aurifères Osisko (T.OR) permet de créer une société aurifère québécoise d'envergure susceptible d'intéresser les investisseurs alors que l'or soulève peu de convoitise.

L'entente, qui épingle la valeur de Virginia à 479 millions de dollars, crée un groupe de 1,3 milliard au chapitre de la capitalisation boursière. Cela fait de la nouvelle Osisko la cinquième société aurifère au Canada après Barrick Gold, Franco-Nevada, Yamana Gold et Kinross Gold.

La direction de l'entreprise établie à Montréal n'a pas perdu de temps pour conclure une transaction d'envergure. Ce grand coup dans le paysage minier québécois survient moins de six mois après la création de la nouvelle Osisko dans la foulée de l'acquisition de la mine d'or Canadian Malartic par Agnico Eagle et Yamana Gold pour 3,5 milliards.

Les actionnaires, qui voyaient en l'entreprise de redevances aurifères un placement relativement prudent avec un flux de revenus et un dividende régulier, ne sont pas en reste. La société intermédiaire de redevances minières a lancé hier un programme de dividendes trimestriels. Le premier versement sera de 3 cents par action ordinaire, pour un rendement initial de 0,8%.

Génie minier

L'accord entre Osisko et Virginia survient alors que le prix de l'or tend dangereusement vers les 1100$US l'once, seuil considéré comme critique pour une mine sur dix au Canada. À 1183,50$US hier, le prix de l'or est à son plus bas niveau en quatre ans, bien loin des 1900$US obtenus à l'automne 2011.

Plusieurs producteurs à coûts élevés sont déjà en «mode économie». Selon une étude récente de RBC Marchés des capitaux, des entreprises comme AuRico Gold, Detour Gold, IAMGOLD, Kinross Gold, Lake Shore Gold, Pan American Silver, Primero Mining, Silver Standard Resources et Teranga Gold pourraient devoir réduire leurs dépenses ou leur dividende.

Virginia, longtemps chouchou de l'industrie, commençait d'ailleurs à souffrir de la méfiance des investisseurs, malgré les redevances de Goldcorp qui commencent tout juste à se matérialiser avec la mise en production de la mine Éléonore, un dépôt de classe mondiale à la Baie-James. Le titre avait abandonné le tiers de sa valeur entre son sommet de février et son bas du début du mois.

La transaction n'est pas une surprise totale pour la communauté financière. L'analyste Dan Rollins, de RBC Marchés des capitaux, n'excluait pas que le nouveau fonds de revenus essaimé de la Corporation minière Osisko puisse être impliqué dans une offre publique d'achat (OPA).

«Un aspect de l'industrie des redevances est que lorsque le flux d'affaires ralentit ou que la concurrence augmente, les entreprises ont tendance à regarder à l'intérieur du groupe pour trouver de la croissance», écrivait l'analyste l'été dernier. Seule erreur: il voyait plus Osisko comme cible d'OPA que comme comme prédateur.

Osisko, qui est entrée à la Bourse de Toronto sous l'acronyme approprié «OR» en juin, devrait profiter de sa nouvelle diversification et de sa visibilité retrouvée. Le titre se négociait jusqu'à maintenant à escompte par rapport à ses concurrents mieux établis comme Franco-Nevada, Royal Gold ou Silver Wheaton, en raison de son flux de revenus unique et de l'absence d'historique pour ses redevances.

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La recommandation

Shane Nagle, de la Financière Banque Nationale, recommande aux actionnaires de Virginia de tendre leurs actions en réponse à l'offre d'Osisko. Selon lui, la transaction reflète la rareté des sources de redevances de revenus nets de fonderie, de grande qualité. Il n'exclut d'ailleurs pas que la production des mines Canadian Malartic et Éléonore soit éventuellement ciblée par de gros fonds de redevances comme Franco-Nevada ou Royal Gold.