Cupidon peut aller se rhabiller! Le géant chinois du commerce électronique Alibaba (BABA) célébrait hier avec un succès incomparable «la journée des célibataires», le plus important jour commercial de l'année en Chine.

Le «Singles Day», où les célibataires sont incités à se gâter en profitant d'importants rabais, a suscité trois fois plus de ventes en ligne qu'au cours des grandes journées de magasinage virtuel aux États-Unis du Vendredi fou (Black Friday) et du Cyberlundi qui s'ensuit. Rien à voir avec les échanges de petits cadeaux de la Saint-Valentin.

Alibaba a enregistré des ventes sans précédent de 9,3 milliards US en ce jour des célibataires, état civil symbolisé par le chiffre 1. C'est 57% de plus que l'an dernier, déjà une édition record. Le géant de Hangzhou a sur les bras 280 millions de colis à livrer dans les prochains jours.

À mesure que l'âge du mariage recule en Chine et que le niveau de vie augmente, les jeunes célibataires deviennent une cible de choix pour les commerçants. La stratégie basée sur les célibataires à consoler a d'ailleurs été copiée par beaucoup de compétiteurs, note l'analyste Youssef Squali, de Cantor Fitzgerald.

Le président d'Alibaba, Jack Ma, souhaite faire de la journée des célibataires avec ses promotions du «11/11» un événement mondial d'ici 2019. Il a d'ailleurs enregistré les droits d'auteur pour l'événement, trois ans après la première de 2009. Soit dit en passant, le Chinois le plus riche du monde est marié à Zhang Ying et ils ont une fille et un fils.

Succès boursier

L'action BABA s'est tout de même repliée de 3,9%, à 114,55$US, à la grande Bourse de New York, hier, dans un marché par ailleurs délaissé pour les congés bancaires. Il s'agit d'une de ses pires séances à ce jour. En entrevue à CNBC, Jack Ma s'est inquiété de l'effort colossal maintenant requis de ses troupes pour livrer la marchandise devant réconforter les célibataires (et toutes les autres personnes qui auront profité des soldes), ce qui peut expliquer l'appréhension des investisseurs.

Depuis son entrée triomphale en Bourse, l'empire Alibaba a tout de même plus que gâté ses actionnaires. Le titre émis à 68$US à l'occasion de la plus grosse introduction de l'histoire a gagné près de 70% en moins de 2 mois. Il ne s'est jamais négocié pour moins de 82,81$US. Alibaba, qui a levé 25 milliards US à Wall Street, projette maintenant l'inscription de sa filiale de paiement Alipay, équivalent chinois de PayPal. Celle-ci sera d'abord inscrite à la cote des Bourses fusionnées de Shanghai et Hong Kong, a promis M. Ma à la télévision d'État.

Pas moins de 38 analystes s'intéressent à Alibaba, parmi lesquels 33 en recommandent l'achat. La firme new-yorkaise Oppenheimer a publié hier une première étude sur le titre, avec une cote « surperformance » et un prix cible de 133 $US pour les 12 prochains mois. L'analyste Ella Ji justifie sa prévision, l'une des plus hautes de l'industrie, par la domination incomparable de l'écosystème d'Alibaba et l'engagement de ses clients qui auront passé en moyenne 50 commandes cette année. Le prix cible représente 43 fois les profits prévus par Oppenheimer en 2016.