Les attentes sont élevées alors que s'ouvre cette semaine la saison des dévoilements de résultats trimestriels d'entreprises aux États-Unis. Les marchés boursiers déjà nerveux risquent d'être secoués.

On verra notamment les premiers impacts de la montée en force du dollar américain contre toutes les autres devises. Le billet vert s'est apprécié de 8% par rapport à un panier de six grandes devises depuis la fin du mois de juin.

Bon signe de santé pour l'économie américaine, la force du billet vert diminue toutefois la compétitivité des entreprises exportatrices nationales. Les multinationales américaines de l'indice Standard & Poor's 500 tirent près de la moitié de leur chiffre d'affaires à l'international.

Les investisseurs ont Alcoa dans leur ligne de mire. Le troisième producteur d'aluminium en importance dans le monde est toujours associé au lancement de la ronde financière bien qu'il ne fasse plus partie du Dow Jones. Il demeure un baromètre d'affaires apprécié, puisqu'il fournit aussi bien le secteur de l'aéronautique que celui de l'électronique grand public.

Alcoa serait prompte à raviver les marchés. L'entreprise qui joue toujours de prudence dans ses prévisions a confondu les analystes lors de sept des huit derniers trimestres, souvent de manière substantielle. On table cette fois sur 22 cents par action, deux fois plus qu'il y a un an. L'heure juste après la fermeture des marchés demain.

Les résultats du grand détaillant Costco ainsi que ceux du groupe agricole Monsanto sont aussi au programme de demain. Pepsico suivra jeudi.

Au Canada, la saison des résultats est décalée. Le Groupe Jean-Coutu lèvera demain un pan de voile sur le trimestre avec la présentation des résultats de son trimestre terminé le 31 août, mais il faut attendre le train de chiffres du Canadien National, le 21 octobre, pour avoir un vrai bon indicateur de performance de juillet à septembre.

Ford abaisse ses prévisions

Ford Motor a foutu la trouille au marché la semaine dernière en abaissant ses prévisions de profits. Le deuxième constructeur automobile aux États-Unis a évoqué des pertes pires qu'anticipées en Russie et en Amérique du Sud. Le titre a chuté de 11% à la Bourse de New York depuis.

En général, les analystes prévoient des hausses de bénéfices de l'ordre de 8,9% sur trois mois à la faveur d'une augmentation des ventes de 2,7%, pour ce qui est des 500 titres-vedettes du S&P. Une hausse moyenne de 2% des dividendes est aussi dans les plans, suivant la dernière enquête de l'agence financière Bloomberg.

Les entreprises canadiennes auront la tâche plus dure encore. Des hausses de profits de près de 10% sont maintenant attendues malgré des revenus en baisse. Le contrôle sévère des coûts devrait améliorer les marges bénéficiaires alors que l'on ne semble pas faire beaucoup de cas du gain concurrentiel que représente un dollar canadien faible. Les dividendes devraient augmenter de 3%.

Les entreprises ont fort à faire pour justifier les multiples boursiers encore élevés. L'indice S&P 500 de la Bourse de New York vaut 18 fois les bénéfices des entreprises qui le composent, et le S&P/TSX de la Bourse de Toronto a un ratio de 19 fois.

Alcoa garde la faveur de la communauté financière avec 11 recommandations d'achat, 10 de conserver et une de vente. Le titre, qui a doublé de valeur depuis un an, s'est replié de 8% depuis son sommet du début de septembre. Jared Levy, coéditeur de Smart Investing Daily, croit que le titre devrait retrouver son élan alors qu'il étonnera Wall Street à nouveau. Alcoa a surpassé de 54% les attentes des analystes au cours des quatre derniers trimestres, note-t-il.