Il est encore tôt pour déterminer combien de revenus et de profits Apple (AAPL) pourra générer avec les produits lancés hier. Une soixantaine d'analystes suivent les activités quotidiennes d'Apple et ils présenteront d'ici la fin de la semaine leurs commentaires et ajustements de calculs en réaction aux dévoilements de la compagnie.

Le titre d'Apple s'appréciait de plus de 3% à un certain moment hier durant la présentation de l'entreprise pour s'approcher à un cheveu d'établir un record au NASDAQ. L'action a cependant clôturé la séance en léger repli à 97,99$US dans un volume de transactions 3 fois supérieurs à sa moyenne habituelle.

Sans surprises

La réaction des marchés peut s'expliquer de plusieurs façons. Les annonces sont relativement conformes aux rumeurs qui circulaient depuis quelques jours. Il n'y a donc pas eu de réelles surprises, si ce n'est que la montre intelligente ne sera pas disponible à temps pour les Fêtes.

Tous les produits dévoilés (iPhone 6, système de paiement mobile et montre intelligente) ont une importance égale, mais sur des plans différents, selon le gestionnaire de portefeuille Carl Simard, de la firme Medici à Saint-Bruno-de-Montarville.

Pour un, la solution de paiement mobile Apple Pay fait réaliser aux investisseurs qu'Apple continue de penser à des façons de conserver ses utilisateurs dans son écosystème.

«Le service de paiement Apple Pay est l'équivalent de PayPal, commente Carl Simard. PayPal a connu une croissance de 20-25% par an et c'est ce qui fait vivre eBay, à mon avis.

«Avec les ententes qu'ils ont avec les institutions financières, avec leur force de marketing et leur façon de développer, c'est-à-dire dans la perspective de l'utilisateur, ça peut alimenter une belle croissance», dit-il.

Montre convoitée

La montre intelligente est plus intrigante. Il faudra avoir un iPhone pour l'utiliser. «Ça limite les possibilités. Du moins à court terme», a dit Scott Kessler, de S&P Capital IQ, sur les ondes de CNBC.

Carl Simard se montre plus optimiste. «Les gens désirent cette montre. Apple a plusieurs centaines de millions d'utilisateurs. Imaginez si on leur fait acheter autant de montres. Ne serait-ce que 200 ou même 100 millions de montres.»

Nouveaux axes de croissance

Avec sa montre intelligente et son système de paiement mobile, Carl Simard estime qu'Apple prouve qu'elle peut faire plus que de l'évolution de produit et peut développer de nouveaux produits et les envelopper avec son marketing. «L'association avec U2 est formidable.»

Selon lui, l'entreprise se devait de trouver de nouveaux axes de croissance. «Apple a maintenant les outils pour alimenter sa croissance dans les deux chiffres.»

Aujourd'hui, dit-il, le titre se négocie entre 11 et 12 fois les bénéfices des 12 derniers mois (en excluant l'encaisse). «C'est un titre encore évalué à une croissance entre 5 et 10% par an. S'ils matérialisent la croissance, il y a encore de la place pour de l'appréciation en Bourse.»

L'évaluation actuelle ne tient pas compte de l'apport des nouveaux produits présentés, dit Carl Simard. «Apple est évaluée comme une compagnie qui va croître de 5 ou 10% par année. Avec le rachat d'actions et la distribution [dividende], on est déjà rendu à 6-7%. Le marché n'escompte pas encore la croissance à venir avec les nouveaux produits.»

Il y a un an et demi, dit-il, Apple était condamnée car on lui reprochait un effritement de sa marge bénéficiaire, qui était exceptionnelle à 40%. «On disait qu'Apple ne pourrait la maintenir, ce qu'elle a fait. Et on disait qu'elle n'était pas capable de sortir de nouveaux produits, ce qu'elle vient de faire.»