Même au niveau actuel élevé des cours, les titans de la finance trouvent encore chaussure à leur pied. Coup d'oeil sur les derniers paris de quatre de ces investisseurs géants réputés pour flairer les bonnes affaires. Des choix audacieux, sinon surprenants.

Carl Icahn dans les médias

Carl Icahn vise une nouvelle cible depuis le mois de juin. Le financier de 78 ans a accumulé 6,6% du capital du groupe de médias américain Gannett, éditeur de 82 journaux, dont le USA Today, pour 86 millions US. Son objectif, comme souvent, est d'inciter la direction à briser l'entreprise en plusieurs entités (en ce cas, les activités d'impression et celles de télédiffusion) et à les vendre pour débloquer de la valeur.

Le redoutable homme d'affaires fait déjà la «piasse» avec son bloc de 9,4% des actions de la chaîne de magasins Family Dollar, acquises à petit prix au deuxième trimestre, et que se disputent aujourd'hui General Dollar et Dollar Tree. On retrouve également l'investisseur militant aux barricades d'Herbalife attaqué par l'agressif gestionnaire de fonds de couverture Bill Ackman. Icahn possède une large participation au capital du fabricant de suppléments alimentaires.

L'homme d'affaires originaire de l'arrondissement de Queens, à New York, presse par ailleurs eBay, dont il possède 0,8% des actions, d'essaimer sa filiale PayPal pour en maximiser la valeur. Il a déjà obtenu d'Apple le versement de dividendes en 2013 et le lancement d'un programme de rachat d'actions. Son placement dans l'entreprise à la pomme vaut aujourd'hui plus de 4,4 milliards US.

Warren Buffett mise sur GM et les télécoms

La société d'investissement Berkshire Hathaway est plutôt avare avec ses 55,5 milliards US d'encaisse à la fin de juin. La firme de Warren Buffett a néanmoins acheté 3 millions d'actions de General Motors au deuxième trimestre, alors que 5% des autres investisseurs institutionnels liquidaient leur position dans le constructeur automobile américain.

Le groupe a aussi allongé 366 millions US ces derniers mois pour prendre une participation dans l'entreprise de télécommunications Charter Communications, de Stamford, au Connecticut. Berkshire a parallèlement augmenté son emprise sur l'opérateur américain Verizon et le télédistributeur britannique Liberty Global.

Derrière Berkshire Hathaway se cache un énorme portefeuille d'entreprises et d'actions évalué à 333 milliards US. On y trouve des icônes telles qu'IBM, Coca-Cola, le fabricant de sauces Heinz, celui de crèmes glacées Dairy Queen, l'assureur automobile Geico et la société ferroviaire BNSF.

Prem Watsa joue gagnant avec les biotechs

Au Canada, le conglomérat Fairfax Financial Holdings du milliardaire Prem Watsa a ajouté quatre nouveaux titres à son portefeuille boursier de 1,5 milliard au dernier trimestre, rapporte le site GuruFocus.

La plus grosse mise, pour 0,1% de son portefeuille de 42 valeurs, était Idenix Pharmaceuticals, une société biopharmaceutique de Cambridge rachetée par Merck peu de temps après. L'assureur et spécialiste des cas de redressement d'entreprise avait aussi investi plus d'un demi-million US dans Questcor Pharmaceuticals, qui vient de passer aux mains de l'allemande Mallinckrodt dans une offre publique d'achat (OPA) de 5,8 milliards US.

Son placement récent de 473 000$US dans Susser Holdings, un réseau de dépanneurs liés à la distribution d'essence entré à la Bourse de New York il y a deux ans seulement, s'est pour sa part déjà apprécié de 10%. L'investissement dans le fonds Navient Corp., constitué de prêts étudiants, stagne par ailleurs.

Réputé être le roi des causes perdues, Watsa, 64 ans, est connu pour son implication dans le redressement de BlackBerry, avec 8,9% des actions. Sa tentative de privatisation du fleuron de Waterloo s'était avérée une perche lancée pour attirer d'autres acquéreurs.

George Soros à contre-courant

Sait-il des choses que nous ignorons? demande le Wall Street Journal. Le gestionnaire de portefeuille George Soros, de Soros Fund Management, mise sur une baisse des marchés boursiers américains. Le financier d'origine hongroise a multiplié par sept sa position à découvert sur l'indice global S&P 500 au deuxième trimestre. Sa mise actuelle est évaluée à 2,2 milliards US.

Le milliardaire américain a par ailleurs plus que doublé sa participation dans le groupe pétrolier argentin YPF. Les 8,5 millions d'actions supplémentaires acquises entre avril et juin portent sa participation à 450 millions US, soit 3,5% du capital, ce qui en fait le troisième actionnaire privé de l'entreprise, détenue en majorité par l'État argentin.

George Soros s'est rendu célèbre avec ses activités de spéculation sur la livre sterling en 1992.