L'investisseur militant Carl Icahn fait encore la piastre avec son pari sur Family Dollar Stores (FDO). Le milliardaire pourrait acheter près de 150 millions de cossins avec ses profits boursiers des deux derniers mois dans la chaîne américaine de magasins à petit prix.

Le redoutable homme d'affaires avait déclaré détenir 9,4% des actions de Family Dollar à 60,53$US pièce, pour une valeur de 647 millions US, le 6 juin dernier. Ces 10,7 millions d'actions valent ce matin plus de 796,5 millions US. Cela représente un rendement plus qu'appréciable de 23% en 52 jours.

La séance de magasinage n'a toutefois pas été de tout repos. Le titre avait bondi de 13% dans les jours suivant l'annonce de l'intérêt manifeste de Carl Icahn pour les magasins à un dollar et la rumeur d'une possible fusion avec la chaîne rivale Dollar General. Il devait retomber de 12% les semaines suivantes en l'absence du dénouement souhaité.

La chaîne de Matthews en Caroline-du-Nord ne lui a pas fait la vie facile. Une «pilule empoisonnée» a été vite ingurgitée. Cette défense consiste à inonder le marché d'actions quand la participation d'un investisseur dépasse les 10%. Le groupe Family précisa vouloir empêcher qu'un investisseur, comme M. Icahn, n'acquière une participation majoritaire, et non chercher à bloquer une fusion ou un rachat.

Family Dollar représente une cible typique pour le milliardaire qui s'est fait une spécialité d'entrer au capital de sociétés pour ensuite réclamer des changements de gouvernance ou de stratégie. Le titre avait perdu 20% de sa valeur depuis septembre. Le rythme de croissance des profits, en hausse depuis 10 ans, avait commencé à ralentir. L'entreprise a fermé 370 magasins dont les affaires déclinaient.

Entre autres batailles, on retrouve aussi Icahn ces mois-ci aux barricades du fabricant de suppléments alimentaires Herbalife attaqué par l'agressif gestionnaire de fonds de couverture Bill Ackman. L'homme d'affaires, originaire du quartier de Queens à New York, presse aussi eBay, dont il possède 0,8% des actions, d'essaimer sa filiale PayPal pour en maximiser la valeur. À l'origine, PayPal était la solution de paiement du site d'enchères. Elle s'est beaucoup diversifiée depuis.

Hier, tant Family Stores que Dollar Tree ont profité en Bourse. L'acheté a bondi de 25% à 75,70$US, soit un peu plus que le prix sur la table, tandis que l'acheteur progressait de près de 3% à 56,37$US. Les dernières opérations publiques d'achat ont souvent récompensé l'acquéreur, ce qui n'est pas coutumier. Le détaillant canadien Dollarama a par ailleurs gagné 32 cents à 89,80$ dans un marché légèrement baissier.

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LA RECOMMANDATION

La fusion des deux grandes chaînes américaines de magasins à un dollar n'a pas changé l'évaluation très favorable de Dollarama dans la communauté financière. Le titre, qui s'échange tout de même en Bourse à 25 fois les profits courus, demeure un chouchou avec 14 recommandations d'achat contre 2 de conserver et 1 de vendre. Dollarama profite déjà de multiples boursiers supérieurs à ceux consentis pour la mainmise sur Family Dollar, note l'analyste Keith Howlett de Valeurs mobilières Desjardins. Perry Caicco, de la CIBC, ajoute que cela rend même l'entreprise montréalaise peu appétissante pour d'éventuels acquéreurs américains. Peter Sklar, de BMO Nesbitt Burns, croit par ailleurs que Dollar Tree pourrait surseoir à ses projets d'expansion en territoire canadien, le temps de digérer l'acquisition de Family Dollar.