L'écrasement d'un avion de ligne malaisien en Ukraine, qui pourrait avoir été abattu, faisait trembler les marchés occidentaux et chuter les titres des compagnies aériennes en Bourse jeudi, les investisseurs craignant l'impact sur l'économie mondiale.

À Wall Street, où les indices ont piqué du nez dès l'annonce de l'écrasement, le Dow Jones abandonnait vers 14 h ,42%, le Nasdaq 0,81% et l'indice élargi S&P 500 0,60%.

Les Bourses européennes ont elles aussi été touchées de plein fouet par ces incertitudes et ont terminé en nette baisse: la place parisienne a fini en baisse de 1,21%, à Francfort, l'indice Dax a chuté de 1,07%, et la Bourse de Londres a lâché 0,68%.

Les Bourses asiatiques étaient encore fermées au moment des faits.

Le marché des changes restait relativement stable, l'euro évoluant à 1,3523 dollar, après être tombé vers 10 h 55 à 1,3517 dollar, un nouveau plus bas en un mois, contre 1,3524 dollar mercredi vers 17 h.

Du côté du pétrole, le brut new-yorkais (WTI) pour livraison en août grimpait de presque 2 dollars et le Brent de la mer du Nord à Londres s'appréciait de 0,73% à 107,91 dollars.

L'once d'or s'est appréciée et a fini à 1302,50 dollars au fixing du soir à Londres, contre 1.301 dollars mercredi.

Le marché obligataire américain, vers lequel se réfugient les opérateurs en temps d'incertitude, partait de son côté en nette hausse. Le rendement des bons du Trésor à 10 ans chutait à 2,467% contre 2,538% mercredi soir, et celui à 30 ans à 3,287% contre 3,348% la veille.

Signe de la nervosité sur le marché, l'indice VIX, dit «indice de la peur» s'envolait de 15,45%, s'affichant à ses plus hauts niveaux de la semaine.

Les marchés ont brusquement perdu du terrain vers 11 h 30 quand les investisseurs ont appris qu'un avion de ligne malaisien parti d'Amsterdam pour Kuala Lumpur s'était écrasé dans la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine.

Le long-courrier Boeing 777, opéré par Malaysia Airlines, transportait 295 personnes. Il aurait pu être abattu, selon le président ukrainien Petro Porochenko qui a évoqué «un acte terroriste».

Des journalistes de l'AFP arrivés sur les lieux du drame n'ont vu aucun signe de survivants, dont l'absence a par ailleurs été confirmée par plusieurs témoins.

Cette zone est au coeur des affrontements entre le gouvernement de Kiev et les insurgés prorusses depuis plusieurs mois.

«C'est franchement une très mauvaise nouvelle, bien plus que les sanctions occidentales (contre la Russie, NDLR) annoncées» mercredi soir, a réagi Grégori Volokhine, de Meeschaert Financial services.

«Ça met en cause la sécurité des routes aériennes dans cette région du globe et dans d'autres régions», comme au Proche-Orient, a poursuivi M. Volokhine. Or, «le trafic aérien est très important pour l'économie».

Ce qui inquiète le plus, selon le gérant de portefeuilles, «c'est que ce ne soit pas un accident mais un avion abattu. On va se poser des questions que l'on ne s'était jamais posées jusque-là: le risque de balles perdues» sur les avions de ligne.

«C'est déstabilisant pour les voyageurs et les investisseurs», a-t-il estimé.

Secteur aérien en baisse 

Des deux côtés de l'Atlantique, l'information pesait particulièrement sur le secteur aérien, American Airlines reculait de 2,52% à 42,38 dollars, Delta Airlines cédait 1,95% à 37,13 dollars, United Continental 2,03% à 42,99 dollars.

Le constructeur aéronautique Boeing limitait les dégâts et lâchait seulement 0,30% à 127,04 dollars.

L'Allemand Lufthansa, géant du transport aérien européen, qui a annoncé après la clôture des échanges jeudi avoir décidé de contourner «largement» l'espace aérien ukrainien, a clôturé en baisse de 2,37% à 14,61 euros à la Bourse de Francfort.

À Paris, Air France-KLM a baissé de 1,45% à 8,77 euros.

À la Bourse de Londres, le groupe International Consolidated Airlines, maison-mère de British Airways et de la compagnie espagnole Iberia, a chuté de 3,02% à 330,70 pence et easyJet de 1,18% à 1,341 pence.

Les places mondiales avaient déjà été fragilisées plus tôt par des craintes géopolitiques liées aux sanctions imposées la veille par Washington à la Russie, accusée de soutenir les séparatistes en Ukraine.