Wall Street a dégringolé jeudi, plombée par l'annonce de l'écrasement d'un avion dans l'Est ukrainien, qui pourrait avoir été abattu, les investisseurs craignant les conséquences d'une nette escalade des tensions dans cette région en crise sur l'économie mondiale.

La Bourse de Toronto a clôturé en territoire négatif de son côté, les opérateurs ayant en grande partie préféré ne pas courir de risques à la suite de l'annonce de l'écrasement. Les pertes ont été légères, les actions du secteur de l'or ayant fortement augmenté, tout comme les prix du métal précieux.

Nerveux, les investisseurs ont fait grimper le cours de l'once d'or pour livraison en août à 1316,90 $ US, en hausse de 17,10 $ US, sur le marché des métaux à New York. La réaction empreinte de prudence des investisseurs a fait perdre 0,11 cent US au dollar canadien, à 92,95 cents US.

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Les marchés à la clôture :



TSX 15 204,48 / -21,86 (-0,14%)

Dow Jones 16 976,81 / -161,39 (-0,94%)

S&P 500 1 958,12 / -23,45 (-1,18%)

NASDAQ 4 363,45 / -62,52 (-1,41%)

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L'indice de la peur explose 

Signe de la nervosité sur le marché, l'indice VIX, dit «indice de la peur» a explosé et s'est envolé de 32,73%, retrouvant des niveaux plus vus depuis la mi-avril.

Le marché, plutôt hésitant en début d'échanges, s'est brusquement retourné quand les investisseurs ont appris qu'un avion de ligne malaisien parti d'Amsterdam pour Kuala Lumpur s'était écrasé dans la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine.

Le long-courrier Boeing 777, opéré par Malaysia Airlines, transportait 298 personnes. Il aurait pu être abattu, selon le président ukrainien Petro Porochenko qui a évoqué «un acte terroriste».

De leur côté, les analystes du Renseignement américains «croient fortement» que l'avion a été abattu par un missile sol-air, mais l'origine de ce tir reste incertaine, ont indiqué à l'AFP des responsables américains.

Cette zone est au coeur des affrontements entre le gouvernement de Kiev et les insurgés prorusses depuis plusieurs mois.

Alors que le marché se situait la veille encore à des records, «toutes les bonnes nouvelles que nous avons eues ont été neutralisées: il n'y a que la tragédie ukrainienne qui a compté», a noté Peter Cardillo, de Rockwell Global Capital.

«C'est franchement une très mauvaise nouvelle», a renchéri Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial services.

«Ça met en cause la sécurité des routes aériennes dans cette région du globe et dans d'autres régions», comme au Proche-Orient, où les tensions étaient également à leur comble, a poursuivi M. Volokhine.

Ce qui inquiète le plus, selon le gérant de portefeuilles, «c'est que ce ne soit pas un accident mais un avion abattu. On va se poser des questions que l'on ne s'était jamais posées jusque-là: le risque de balles perdues» sur les avions de ligne.

Or, «le trafic aérien est très important pour l'économie», a-t-il précisé. «C'est déstabilisant pour les voyageurs et les investisseurs».

Au Proche-Orient, après dix jours de raids ayant fait 240 morts, Israël a lancé jeudi soir une opération terrestre sur la bande palestinienne de Gaza.

Le marché obligataire, vers lequel se réfugient les opérateurs en temps d'incertitude, tout comme l'or ou le yen, a fortement progressé. Le rendement des bons du Trésor à 10 ans a chuté à 2,475% contre 2,538% mercredi soir, et celui à 30 ans à 3,290% contre 3,348% la veille.

Secteur aérien très touché 

Comme en Europe, l'information a particulièrement pesé sur le secteur aérien: American Airlines a chuté de 4,09% à 41,70 dollars, même si la compagnie a précisé qu'elle ne survolait pas l'espace aérien ukrainien. Delta Airlines, qui a décidé que ses avions allaient désormais éviter cette zone, a cédé 3,43% à 36,57 dollars. United Continental a perdu de son côté 3,45% à 43,35 dollars.

Le constructeur aéronautique Boeing a perdu de son côté 1,21% à 125,88 dollars.

Les opérateurs ont aussi digéré l'annonce de la suppression de 18.000 emplois d'ici un an par le géant informatique Microsoft, soit 14% de ses effectifs, la plus grosse coupe jamais réalisée dans son histoire. Rare valeur dans le vert, son titre a gagné 1,02% à 44,53 dollars.

La banque d'affaires américaine Morgan Stanley, qui a plus que doublé son bénéfice net au deuxième trimestre, a tout de même cédé 0,62% à 32,30 dollars, emportée avec le reste des valeurs financières dans le rouge dès la mi-séance.

Dans le secteur technologique, le groupe de distribution en ligne eBay, dont les comptes trimestriels ont été mitigés, s'est apprécié de 0,65% à 51,03 dollars.