Les actions canadiennes sont en feu. Grâce à leur performance étonnante, la Bourse de Toronto se classe au premier rang des 10 plus grands marchés dans le monde depuis le début de l'année.

Alors que les autres grands marchés manquent d'énergie après la forte envolée de l'an dernier, la Bourse de Toronto affiche en effet un rendement de 9,1%, en incluant les dividendes, pour 2014. C'est deux fois mieux que le marché boursier américain qui avait fait si forte impression avec un bond de plus de 30% l'an dernier. Le rendement à ce jour du S&P 500 n'est plus que de 3,6% avec les dividendes.

Les marchés suisse et français sont nos plus proches concurrents avec des rendements respectifs de 8,4% et 6,6% depuis le début de l'année. Les marchés asiatiques baignent dans le rouge.

La Bourse de Toronto est en hausse depuis 10 mois consécutifs, la plus longue séquence haussière depuis 30 ans. Le mois courant est aussi en bonne passe de finir dans le vert avec un gain couru de 0,3%. L'indice général S&P/TSX a ainsi regagné près de 23% de sa valeur depuis juin 2013.

«Nous n'avons pas l'impression qu'il s'est passé grand-chose, mais soudainement, voici que nous avons des gains de 5-6% en portefeuille», commentait cette semaine Greg Eckel, de la firme torontoise Morgan Meighen&Associates qui gère 1,4 milliard. «Le Canada est un bon marché où être.»

La poussée du TSX est en bonne partie attribuable aux sociétés pétrolières et minières, alors que le prix du gaz naturel est à un sommet en six ans et que l'or se raffermit. La surenchère pour le contrôle du fleuron minier québécois Osisko et les spéculations sur les prochaines tentatives de mainmise ont aussi eu leur effet sur l'indice composé canadien.

Volatilité moindre

Le marché canadien des actions se démarque aussi par sa faible volatilité. La Bourse de Toronto est deux fois plus stable que celle de Tokyo ou même de l'Allemagne. Seule la Bourse de Sydney, elle aussi axée sur les ressources, se compare en matière de risque.

L'agence Bloomberg calcule un rendement net positif de 1,1% pour le marché des actions canadiennes après soustraction du taux moyen de volatilité quotidienne. Encore ici, la Suisse est bonne deuxième avec un rendement ajusté de 0,7%, ce qui annonce aussi un bon soutien aux gains accumulés à ce jour.

«Je n'irais pas parier contre le Canada, disait récemment le gestionnaire Stephen Lingard, de Franklin Resources qui gère 887 milliards. Nous revenons à une tendance plus normale aux États-Unis, et cela va contribuer à soulever les autres marchés, dont certainement le Canada.»

Mise en garde, toutefois. Selon l'analyste Shailesh Kshatriya, de la firme torontoise Russell Investments Group, la faible volatilité et la montée continue des actions canadiennes depuis 10 mois sont une anomalie qui ne peut persister, à moins que l'économie nationale ne s'améliore. «L'argent facile est en poche. Il faut maintenant des données économiques plus positives», a-t-il lui aussi commenté à Bloomberg.