C'est le temps de revenir investir dans la forêt canadienne, croit Dundee Capital Markets. La firme de courtage torontoise, qui s'éveille au charme de cette industrie depuis longtemps passée de mode, estime qu'elle «s'améliore avec l'âge» et inscrit du coup les sociétés forestières West Fraser Timber, Produits forestiers Résolu, Canfor et International Forest Products ainsi que la société papetière Domtar sur sa liste de recommandations d'achat.

L'analyste Stephen Atkinson, qui apporte à Dundee ses 15 ans d'expérience dans les pâtes et papiers, énumère plusieurs facteurs favorables à l'industrie. C'était avant même que le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, annonce son coup de pouce au secteur forestier avec la bonification des budgets destinés aux travaux sylvicoles.

«Nous croyons que nous sommes aux premiers stades d'une reprise prolongée de l'immobilier américain, soutient l'expert financier qui a fait ses classes à l'Université McGill. Les mises en chantier aux États-Unis ces 15 derniers mois sont bien au-dessous du taux requis par la croissance démographique.»

Les prix du bois d'oeuvre aux États-Unis étaient par ailleurs légèrement plus élevés l'an dernier que durant la frénésie immobilière de 2005 lorsque les mises en chantier étaient deux fois plus importantes. C'est de bon augure pour les prix du bois à plus long terme, alors que l'immobilier américain récupère, conclut Stephen Atkinson.

L'industrie canadienne du bois et du papier profite aussi de la faiblesse du dollar canadien pour ses exportations. Selon Dundee, une dépréciation de 10% du huard par rapport au billet vert représente 180 millions en bénéfices d'exploitation additionnels pour West Fraser Timber, 150 millions de plus pour Résolu, 130 millions additionnels pour Canfor et 100 millions de plus pour Domtar, de Montréal.

Dur hiver

L'analyste n'exclut pas que l'impact des mauvaises conditions climatiques soit pire qu'attendu sur les résultats de l'industrie au terme du premier trimestre. Il rejoint en cela son collègue Rupert Merer, de la Financière Banque Nationale, qui vient de réduire ses chiffres pour les forestières de l'Ouest canadien au premier trimestre en raison de la froidure, des déficiences du transport sur rail et de la fermeture du port de Vancouver. Ce dernier est par ailleurs plus pessimiste pour les prix du bois de charpente en 2014 avec l'affaiblissement du marché immobilier américain.

Domtar, qui a publié hier ses résultats du premier trimestre, accusait des dépenses imprévues de 22 millions US pour la période en raison de l'hiver rigoureux. Le bénéfice net de la forestière québécoise a ainsi fléchi de 13%, à 39 millions US, ou 1,20$US.

West Fraser Timber, qui a aussi souffert de la neige et du temps froid au dernier trimestre, s'est tout de même gagné la sympathie de l'analyste Pierre Lacroix avec ses acquisitions stratégiques en Alberta et en Arkansas. L'expert de Valeurs mobilières Desjardins vient de changer sa recommandation de vente pour «à conserver».

La forestière montréalaise Résolu ainsi que Canfor et sa société soeur Canfor Pulp Products, toutes deux de Vancouver, doivent dévoiler leurs résultats financiers du premier trimestre jeudi prochain.

LA RECOMMANDATION

Le bois et le papier gagnent en estime dans la communauté financière. Les services de recherche de la Banque Royale et de la Banque Nationale, notamment, recommandent une légère surpondération des industries du bois et du papier en portefeuille par rapport à leur poids minime dans les indices boursiers. Dans leur plan stratégique de 2014, les stratèges de la RBC, qui privilégient le producteur torontois de panneaux de bois Norbord, recommandent d'y consacrer 1% du portefeuille, comparativement à 0,4% dans le S&P/TSX.