Les élections qui ont donné la majorité au Parti libéral du Québec ont eu peu d'effet sur les cours boursiers hier. Les titres bancaires québécois comme les sociétés minières établies dans le nord de la province, donnés comme les valeurs les plus sensibles à l'issue du vote, ont suivi davantage la reprise technique nord-américaine que le déferlement de la vague rouge libérale.

L'indice Québec IQ-30 a gagné 0,4% durant la séance d'hier. Cela se compare à une progression de 0,5% pour l'indice ontarien IO-40 ou de 0,7% pour l'indice général canadien S&P/TSX. Les marchés se rétablissent de trois séances consécutives de repli qui ont fait baisser le haut niveau de spéculation, particulièrement autour des titres à la mode.

Peter Buchanan, économiste de CIBC Marchés mondiaux, ne s'étonne pas de l'absence de réaction des marchés. Il avait récemment relevé le peu de volatilité de l'indice canadien S&P/TSX 60, dans les jours précédant ou suivant des élections au Québec, depuis le milieu des années 90. «Les dernières élections ont appris aux investisseurs qu'il était prudent de s'asseoir les fesses serrées, quelle que soit leur tolérance au risque», rappelait-il en entrevue à l'agence Bloomberg.

Les banques

L'analyste John Aiken, de la banque britannique Barclays, qui a analysé le comportement boursier de la Banque Nationale et de la Banque Laurentienne au cours des 12 dernières élections, prévoit une remontée des deux banques québécoises dans les prochains mois. L'analyste a démontré que la Nationale, notamment, surpasse traditionnellement ses pairs de 3% en moyenne lors de l'élection d'un gouvernement majoritaire libéral.

Rien de cela pour le moment. Les actions de la Banque Nationale et de la Banque Laurentienne ont même abandonné quelques dixièmes de pourcentage, alors que l'ensemble de l'industrie progressait d'autant hier.

Pas de variation significative non plus jusqu'à maintenant pour ce qui est du panier de titres qui pourraient profiter d'un regain de confiance des consommateurs sous un gouvernement libéral, selon l'analyste David Doyle, stratège pour la firme Macquarie Capital Markets spécialisée dans la recherche sur les actions ordinaires internationales.

Le stratège de Bay Street recommandait encore récemment l'achat de huit titres québécois dont il prévoyait un renversement de leur sous-performance avec le déclin du spectre référendaire.

Il s'agit de la Banque Nationale (- 0,3%), de l'Industrielle Alliance (- 0,9%) et du Fonds de placement immobilier Cominar (+ 1,3%) dans le secteur financier; de Bombardier (- 0,2%), du Groupe SNC (- 0,4%) et de TransForce (- 0,4%) parmi les grandes industrielles; de Québecor (+ 0,2%) et de Métro-Richelieu (+ 0,1%) dans le secteur de la consommation.

Plan Nord

Les résultats électoraux québécois ont apparemment eu plus d'effet sur les entreprises qui participent au Plan Nord, grand projet économique de l'ancien gouvernement libéral axé sur le développement minier.

Les multinationales ArcelorMittal et Cliffs Natural Resources, qui exploitent des mines de fer sur le territoire du Plan Nord, étaient toutes deux en forte hausse (+ 2,3 et + 4,5%, respectivement). Difficile toutefois de détacher ce comportement de la belle remontée récente du prix du minerai. Le géant suisse Glencore Xstrata, qui produit du nickel à la mine Raglan et du zinc à la mine Persévérance, dans le Nord, affiche pour sa part un gain modéré de 1,5% pour la journée.

Le producteur d'or américain Hecla Mining Corporation (+ 2,3%), maintenant propriétaire de la mine d'Aurizon à Casa Berardi, ainsi que la société aurifère québécoise Métanor (+ 5,7%), active au Lac Bachelor, ont de même progressé avec le rebond du prix de l'or. Même chose pour le géant torontois Goldcorp (+ 1,3%), qui s'apprête à mettre en production la mine Éléonore découverte par Virginia.

Le producteur de diamant en devenir Stornoway a par contre effacé 5,7% de sa valeur.

Le titre très volatil suit en cela la tendance baissière des dernières séances.

«Pétro-Québec»

Les petites sociétés d'exploration Pétrolia et Junex, qui participaient au projet du gouvernement du Parti québécois de développer la ressource pétrolière dans l'île d'Anticosti et en Gaspésie, ont également poursuivi leur désescalade des derniers jours.

Celles-ci clôturent en nette baisse de 6,5% et 5,7% respectivement, après avoir fluctué fortement durant la séance.

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DES TITRES À SURVEILLER

Secteur Titre /Cours (8 mars) /Var. 1 jour /Var. 5 jours

Finance/ --/ 0,3%/ - /0,2%

Banque Nationale/ 45,44$ - /0,2% /1,2%

Banque Laurentienne/ 47,27$ - /0,3% /0,2%

Industrielle Alliance/ 45,28$ - /0,9% - /1,1%

Fonds de placement immobilier Cominar/ 18,63$ /1,3% /1,4%

Industriel/ -- /0,5% - /1,3%

Bombardier/ 4,11$ - 0,2% /-3,3%

Groupe SNC/ 48,07$ - /0,4% - /0,8%

Transforce/ 24,27$ - /0,4% /2,4%

Consommation/ -- /0,4% /0,6%

Québecor/ 26,61$ /0,2% - /1,5%

Metro-Richelieu /65,54$ /0,1% /0,3%

Ressources/ -- /1,2% /1,0%

ArcelorMittal (fer) /16,51$ /2,3% /1,2%

Cliffs Natural Resources (fer)/ 20,87$ /4,5%/ 4,1%

Hecla Mining Corporation (or)/ 3,11$ /2,3% /0,3%

Métanor (or)/ 0,19$ 5,7% 8,8%

Glencore Xstrata (nickel et zinc)/ 5,29$ /1,5% /3,1%

Pétrolia (pétrole)/ 0,72$ /- 6,5% /- 10,0%

Junex (pétrole)/ 0,50$ /- 5,7% /- 9,1%

Stornoway (diamant)/ 0,99$/ - 5,7%/ - 11,6%