Le prix de l'or suit les montagnes russes. Il est passé d'un sommet en six mois, lundi dernier, à un plus bas en quatre semaines, hier, après une semaine riche en événements, tant monétaires que géopolitiques.

Ballottée avec les tensions en Ukraine et soumise au jeu des changes, l'once d'or a perdu près de 2% de sa valeur, à 1311,20$US, hier.

Le marché boursier a amplifié le mouvement avec une chute deux fois plus importante de l'indice mondial des grandes aurifères S&P/TSX. Barrick Gold, premier producteur sur la planète, a notamment effacé 4,6% de sa valeur, à 20,75$ l'action.

Les tensions baissent

L'or, vu comme la valeur sûre de référence par de nombreux investisseurs, avait atteint 1392$US, le 17 mars, son plus haut niveau depuis le 9 septembre, avec l'intensification de la crise en Crimée.

Mais les premières sanctions prises par les Occidentaux contre la Russie à la suite du référendum de dimanche dernier en Crimée ont été jugées timides, ce qui a temporairement apaisé les craintes d'une escalade des tensions. L'or s'est finalement quelque peu redressé vendredi, à la faveur d'une recrudescence des tensions entre la Russie et les États-Unis.

Soumis aux prises de bénéfices et à une demande déclinante pour les valeurs refuges, le métal précieux a fracassé hier le seuil de résistance de 1320$US, établi par l'analyste technique Dennis Mark, de la Financière Banque Nationale.

Le prochain rendez-vous critique est à 1300$US, ce qui correspond par ailleurs au seuil de rentabilité de plusieurs producteurs d'or.

L'effet Fed

Sur le plan monétaire, la perspective d'un resserrement des goussets de la Réserve fédérale américaine (Fed) dévalorise également l'or, qui a profité indirectement des largesses de la Fed et du spectre inflationniste qui l'accompagnait. Le métal jaune est aussi sensible aux pressions haussières sur les taux d'intérêt dans la mesure où il ne rapporte rien.

Or, le Comité de politique monétaire de la Fed a décidé mercredi dernier de poursuivre la diminution de ses injections mensuelles de liquidités à 55 milliards US en avril, comparativement à 65 milliards US en mars.

La nouvelle gouverneure Janet Yellen a aussi laissé entrevoir une remontée des taux d'intérêt plus précoce qu'attendu par le marché.

L'appétit des acheteurs de métal physique semble par ailleurs plutôt limité actuellement.

L'argent chute aussi

L'argent, considéré comme une solution bon marché à l'or, a également chuté hier, atteignant un plus bas en cinq semaines, à moins de 20$US l'once.

Autre métal précieux, le platine a aussi été entraîné à la baisse, malgré le fait que la grève dans les mines de platine en Afrique du Sud dure toujours. Le palladium a par contre arraché quelques dollars l'once.

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LA RECOMMANDATION

Le service de recherche de Desjardins Marché des capitaux compte sur la demande «robuste» des investisseurs et les qualités de valeur refuge de l'or pour en soutenir le prix. L'analyste Adam Melnyk, spécialisé dans les métaux précieux, a relevé à 1330$US l'once sa prévision pour 2014 et maintient à 1350$US sa cible pour les années suivantes et au-delà de 2017. L'expert favorise la minière torontoise Detour Gold avec un prix cible porté de 12$ à 15$ par action pour refléter l'amélioration de la rentabilité et de la valeur comptable, à ces prix.